Les temps sont durs, l’opinion est impitoyable pour François Hollande et son équipe gouvernementale. Les sondages tombent drus, révélant que, déjà, ce qu’on appelle l’état de grâce se trouve révolu pour le nouveau président et les siens. Son intervention de dimanche soir avait pour but, comme on dit, de redresser son image et d’effacer les effets d’une rentrée décrite comme calamiteuse. Mais n’était-ce pas prévisible ? Il ne fallait pas être un expert très doué pour prédire, dès l’élection de mai dernier, que les difficultés les plus sérieuses entraveraient l’action du pouvoir et mettraient à mal son programme. La situation économique n’a pas changé en quelques mois et ce n’était pas les quelques mesures annoncées qui pouvaient la modifier.
Au milieu de tant de nouvelles fâcheuses et de signes de désaveu, il y a pourtant un motif de satisfaction pour le gouvernement. Oh ! Un signe encore ambigu, et dont il conviendrait de décrypter sérieusement le sens. Mais il est là à l’actif de Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale. Un sondage Ifop, réalisé pour Dimanche Ouest France, révèle que 91% des Français sont favorables à la création des cours de morale laïque annoncés par le ministre. Une telle quasi unanimité n’est pas courante, puisqu’il apparaît à l’analyse que ce sont tous les courants de l’opinion, droite et gauche confondues, qui applaudissent. Comment interpréter pareil consensus ? Je serais tenté d’y voir une espèce de réflexe massif d’une population en faveur des principes d’une morale clairement énoncée, où le bien et le mal sont parfaitement distingués au plus grand bénéfice d’une jeunesse qui a besoin de solides repères pour la vie ! Je m’avance peut-être un peu, mais les risques d’un relativisme généralisé me paraissent perçus, avec les dérives possibles d’une société en voie de dissociation.
Vincent Peillon demande un peu de temps pour mettre en place le dispositif que requiert cette nouvelle discipline. Il faudra des formateurs pour l’enseigner. Et puis, surtout, il faudra se mettre d’accord sur le contenu d’une morale commune. J’en ai déjà parlé dans une chronique récente, en soulignant qu’il ne serait pas facile de reconstruire un édifice qui s’est effondré dans les années soixante. Mais je serais mal venu de ne pas reconnaître l’attente d’une opinion qui affirme aussi unanimement la nécessité impérative d’une morale !