CITE DU VATICAN, 23 SEP 2011 (VIS). A midi en l’église de l’ancien couvent
des augustins d’Erfurt, en présence de 300 personnes, le Saint-Père a pris
part à la cérémonie oecuménique, au cours de laquelle l’Evêque évangélique
local, le Docteur Friedrich Weber a lu le psaume 146, dans la traduction de
Martin Luther. Après le salut introductif de la Présidente du Synode de
l’Eglise évangélique d’Allemagne, Mme Katrin G.Eckardt, Benoît XVI a récité
la prière pour l’unité des chrétiens. Puis le Cardinal Kurt Koch a lu la
prière sacerdotale du Christ tirée de l’Evangile de Jean, avant que le Pape
ne prononce l’homélie, dont voici les passages saillants:
« Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur
parole, croiront en moi ». Ainsi parla Jésus à son Père… Dans cette prière
de Jésus réside le lien profond de notre unité. Nous deviendrons un si nous
nous laissons attirer dans cette prière… Mais la prière de Jésus a-t-elle
été entendue? L’histoire du christianisme est, pour ainsi dire, le côté
visible du drame dans lequel le Christ lutte et souffre avec nous les
hommes. Ainsi doit-il supporter notre opposition à l’unité, mais aussi notre
désir d’unité avec lui et avec la Trinité…. Voici pourquoi, dans une
rencontre œcuménique, nous ne devrions pas seulement déplorer les divisions et les séparations, mais bien remercier Dieu pour tous les éléments d’unité qu’il a conservés pour nous et qu’il nous donne toujours de nouveau. Et cette gratitude doit en même temps être disponibilité à ne pas perdre, dans une époque de tentation et de périls, l’unité ainsi donnée. L’unité
fondamentale consiste dans le fait que nous croyons en Dieu, le Père
tout-puissant, le Créateur du ciel et de la terre… L’unité suprême n’est
pas solitude d’une monade mais unité par l’amour. Nous croyons dans le Dieu concret, dans le fait qu’il nous a parlé et s’est fait l’un de nous.
Témoigner de ce Dieu vivant est notre tâche commune ».
« La soif d’infini est indéracinable dans le coeur de l’homme qui, créé
pour être en relation avec Dieu, a besoin de lui. Notre premier service
œcuménique doit être de témoigner ensemble de la présence du Dieu vivant, et de donner au monde la réponse dont il a besoin. Naturellement, de ce témoignage fondamental rendu à Dieu, fait ensuite partie, de façon
absolument centrale, le témoignage rendu à Jésus-Christ, vrai homme et vrai
Dieu, qui a vécu avec nous, a souffert pour nous, est mort pour nous et,
dans sa résurrection, a ouvert tout grand la porte de la mort. Chers amis,
fortifions-nous dans cette foi! Aidons-nous mutuellement à la vivre! Ceci
est une grande tâche œcuménique qui nous introduit au cœur de la prière de
Jésus. Le sérieux de la foi en Dieu se manifeste dans le fait de vivre sa
parole. Il se manifeste très concrètement de nos jours dans l’engagement en
faveur de l’être humain, cette créature qu’il a voulue à son image. Nous
vivons dans un temps où les critères de l’être homme sont remis en question.
L’éthique est remplacée par le calcul des conséquences. Face à cela, les
chrétiens doivent défendre la dignité de l’homme, de la conception à la
mort, dans la question du diagnostic préimplantatoire jusqu’à celle de
l’euthanasie… Sans la connaissance de Dieu, l’homme devient manipulable.
La foi en Dieu doit se concrétiser dans notre engagement commun pour
l’homme. De cet engagement pour l’homme, font partie non seulement ces
critères fondamentaux d’humanité, mais surtout et très concrètement l’amour que Jésus nous enseigne dans la description du Jugement dernier: le Juge nous jugera selon la façon dont nous nous serons comportés vis à vis nos proches et des plus petits de nos frères. La disponibilité à aider…au-delà
de son propre milieu de vie est une tâche essentielle du chrétien. Ceci vaut
avant tout dans le domaine de la vie personnelle, puis sans celle de la
communauté d’un peuple et d’un état, où tous doivent s’entraider. Ceci vaut
pour notre continent, où nous sommes appelés à la solidarité européenne,
ainsi qu’au-delà de ces les frontières. La charité chrétienne exige aussi
aujourd’hui notre engagement pour la justice dans le vaste monde ».
Le sérieux de la foi, a poursuivi Benoît XVI, « se manifeste dans la
manière de vivre la Parole qui inspire certaines personnes à se mettre
totalement à la disposition de Dieu, et à partir de Dieu, des autres… A la
veille de ma visite, on a parlé plusieurs fois d’un don œcuménique de
l’hôte, que l’on attendait de cette visite. Il n’est pas nécessaire que je
spécifie les dons mentionnés dans ce contexte. A ce sujet, je voudrais dire
que ceci constitue une mauvaise compréhension politique de la foi et de
l’œcuménisme. Avant la visite d’un chef d’état à un pays ami, des contacts
préparent la signature d’un ou de plusieurs accords. Dans l’évaluation des
avantages et des désavantages, les deux parties sont parvenues à un
compromis avantageux… Mais la foi des chrétiens ne se base pas sur une
évaluation de nos avantages et désavantages. Une foi auto-construite est
privée de valeur. La foi n’est pas quelque chose que nous concoctons ou
déterminons. Elle est le fondement sur lequel nous appuyons notre existence.
L’unité grandit non grâce à l’évaluation d’avantages et de désavantages,
mais seulement en pénétrant toujours plus profondément dans la foi grâce à
la pensée et à la vie. De cette manière, au cours des cinquante dernières
années, et en particulier à partir de la visite de Jean-Paul II, il y a
trente ans, s’est développée une plus grande entente, dont nous ne pouvons
qu’être reconnaissants ».
Evoquant pour conclure la rencontre avec la commission conduite par
l’évêque luthérien Lohse, où protestants et catholiques « se sont exercés
ensemble à pénétrer profondément dans la foi grâce à la pensée et à la vie »,
Benoît XVI a remercié tous les participants: Ensemble, a-t-il dit, « nous ne
pouvons que remercier le Seigneur pour les chemins de l’unité sur lesquels
il nous conduit, et nous associer humblement à sa prière, Fais que nous
devenions un, comme tu es un avec le Père, pour que le monde croie qu’il t’a
envoyé ». Après la récitation commune du Pater, le Pape a béni l’assemblée
tandis que le Pasteur Schneider récitait la formule de Aaron.
PV-ALLEMAGNE/ VIS 20110923 (1050)
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Affaire Ulrich KOCH contre Allemagne : la Cour franchit une nouvelle étape dans la création d’un droit individuel au suicide assisté.
- Ouverture du Synode pour le Proche Orient
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI