«Nous montions à Verdun. Nous pataugions dans les flaques de la route, lamentable troupeau. Une auto corne derrière nous, auto d’état-major évidemment, limousine bien close où quelque officier fringant des bureaux va nous jeter à la face l’insulte des paquets de boue. Or, il advint une chose insolite : la voiture, au lieu de rouler en trombe en nous éclaboussant, tardait à nous dépasser. Derrière moi, au lieu du piétinement mou de la horde, je percevais subitement comme l’ébauche d’une cadence. Qu’y avait-il donc ? Comme je tournais la tête, la voiture arrivait près de moi roulant avec une lenteur inattendue, et, sur cette voiture, il y avait, debout, penché vers la portière ouverte, un général, la main au droit du képi à la feuille d’or, et, surtout la figure apitoyée, ses yeux portant sur nous un regard d’une tristesse infinie ! C’était le chef suprême après Joffre, Castelnau, le général aux trois fils morts, combattants comme nous, et qui, de toute son âme, nous saluait.
Je compris pourquoi nos hommes, d’eux-mêmes, rectifiaient l’allure et marquaient le pas », écrivait Jean Tocaben dans Virilité (Au front de la Grande Guerre), publié en 1931.
La cible des loges
Castelnau, général en chef, que la foule parisienne acclamait au cri de « Maréchal ! Maréchal ! » pour protester qu’il n’ait pas été nommé à ce titre ; celui pour qui Aristide Bruant, le chansonnier de la butte, avait composé un refrain populaire, « les Poilus de Currières de Castelnau », avait bien failli voir sa jeune carrière militaire définitivement interrompue.
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Pour aller plus loin :
- Édouard de Castelnau à l’origine de la victoire remportée par le général Pétain
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Édouard de Castelnau
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918