Un saint Français - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Un saint Français

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© Fred de Noyelle / Godong

On n’en finira pas d’admirer tout ce que ce saint évêque a apporté à l’Église, mais aussi à la France – bien qu’il fût Savoyard et ne voulût jamais changer de diocèse, auquel il se considérait comme marié, et ce malgré l’insistance du roi Henri IV qui le qualifiait de « phénix des évêques ».

Maître spirituel, conseiller des princes, artisan de la renaissance mystique du XVIIe siècle, missionnaire zélé dans un temps gagné par l’hérésie réformée, vrai pasteur s’inspirant du concile de Trente pour la formation des prêtres, insistant sur la centralité de l’eucharistie – il a importé d’Italie la pratique des Quarante-Heures d’adoration eucharistique comme outil d’évangélisation… En tout, il a été un modèle d’évêque selon l’esprit de la Réforme catholique et romaine, traçant un sillage où s’inscriront tous ceux qui, en France, résisteront au gallicanisme et au jansénisme. On se prend d’ailleurs à rêver de ce qui serait advenu s’il avait conservé la direction spirituelle de la Mère Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal et foyer du jansénisme… Le cours de l’histoire en eût été changé !

Éloquence sacrée

Par sa plume et son éloquence, à travers ses très nombreux ouvrages et lettres, rédigés dans une langue noble et fleurie, ce Docteur de l’Amour divin a su rendre la dévotion « attrayante », comme il le disait. En nous léguant les bases de la spiritualité du Sacré-Cœur de Jésus – qui sera confirmée 51 ans après sa mort par les apparitions du Christ à une religieuse de son ordre de la Visitation, sainte Marguerite-Marie – ; mais aussi celles de l’abandon à la divine Providence et de l’esprit d’enfance, que développera magistralement sainte Thérèse de Lisieux.

Dans son Introduction à la vie dévote, œuvre majeure aux plus de mille rééditions jusqu’à nos jours, le saint évêque de Genève avait encouragé, bien avant Vatican II, le désir de sainteté chez les laïcs, à une époque où on le croyait réservé aux religieux. Il écrivait ainsi que « c’est une erreur et même une hérésie de vouloir bannir la vie dévote [la vie spirituelle] de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de la cour des princes, du ménage des gens mariés. (…) Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite. » Mais attention : ce doux – d’une douceur acquise en un combat incessant contre lui-même – n’était pas un tiède. Le moyen de cette vie parfaite accessible à tous, il le prônait d’une manière souple et ferme à la fois, à travers les « petits pas » et « petites vertus » comme l’humilité et la patience, auxquelles chacun peut s’exercer, mais sans jamais s’arrêter. Car le but, lui, était clair et pas au rabais : vivre « avec des pensées généreuses et magnifiques qui vous tiennent attachées à cette éternité » !

De là vient chez lui cet équilibre moral et surnaturel (1) qui fait les forts et les saints, et dont nous avons tant besoin aujourd’hui, avec le sens de l’amitié, dans un monde où beaucoup d’âmes sont déboussolées et isolées.

Aujourd’hui, en s’inspirant de saint François de Sales, il reste ainsi à écrire une spiritualité adaptée au XXIe siècle pour les laïcs, eux qui sont en première ligne dans bien des secteurs de la société – la famille, l’entreprise, l’école, ou encore les médias. Afin, comme il le prônait déjà en son siècle, de « trouver des sources d’une douce piété au milieu des ondes amères de ce siècle ».

(1) L’équilibre surnaturel, éd. Emmanuel Vitte, 1941.