Chacun de ces papes: St. Jean-Paul II, S.S. Benoît XVI, et même S.S. François, réaffirme la signification morale et sacramentelle de l’union de deux corps en une seule chair comme forme fondamentale de l’amour conjugal. Mais c’est précisément l’intimité corporelle en tant qu’homme et femme qui a disparu de notre culture, même parmi les Catholiques, au dépens d’une bonne compréhension du mariage.
L’unité acquise en devenant « deux en une seule chair » par le mariage est fondée dès la Création [Gn, 1:27, 2:24] persiste au-delà du péché, est affirmée et en même temps renouvelée par le sacrement rédempteur du mariage. [Cf article précédent]. Mais je tiens maintenant à souligner que la véritable union corporelle, union en une seule chair de l’homme et de la femme, concrétise l’unité conjugale.
En accord avec la critique de la « Théorie du genre » par S.S. François , le Cardinal Gerhard Müller, Chef de la Congrégation de la Doctrine de la Foi, a récemment déclaré que l’idéologie du genre prétend que «l’identité de l’homme ne dépend pas de la nature, avec un corps réduit à une sexualité masculine ou féminine.» Et il ajoute « Il y a d’évidence un dualisme derrière tout celà: le corps perd sa signification face à sa propre identité. »
À l’inverse de ce dualisme anthropologique, la tradition Catholique affirme que le corps est intrinsèquement partie de la personnalité, la personne existe par son corps. Cette affirmation a ses racines dans l’enseignement de l’Église sur l’unité « âme/corps » de la personne humaine. [Catéchisme de l’Église Catholique 362-368]. Selon Jean-Paul II «en fait, corps et âme sont inséparables: par volonté et par action délibérée ils demeurent unis.» (Veritatis splendor, 49). Ainsi donc, nous pouvons aisément comprendre pourquoi « séparer l’action morale des dimensions corporelles des réalités va à l’encontre de l’enseignement des Écritures et de la Tradition. »
Cet enseignement est explicitement saisi par Benoît XVI (par ex. Adresse à la Curie Romaine du 21/12/2012) et par S.S. François (spécialement dans Amoris Laetitia 56, 74-75, et dans Laudatio Si, 155).
Jean-Paul II explique ailleurs que le corps a sa propre identité. «L’homme est un individu non seulement par sa propre conscience et son libre-arbitre, mais aussi par tout son être. La structure de son corps est telle qu’elle lui permet d’être l’acteur d’activité typiquement humaine, dans cette activité, le corps est l’expression de la personne.» (Il les créa Homme et Femme). Le corps fait essentiellement partie de la personnalité. Ce qui n’est guère étonnant, puisque « le corps humain est partie de la dignité de l’image de Dieu. » (Catéchsme de l’Église Catholique, 364).
La dualité anthropologique a aussi induit le déni que la base de la forme d’amour dans le mariage se trouve dans une union sexuelle des corps de l’homme et de la femme en une seule chair. Mais puisque le corps est propre à la personne, la nature du mariage est telle qu’elle requiert la différence entre sexes, l’acte sexuel corporel étant une base fondamentale et donc intrinsèquement une union sacramentelle en une seule chair.
Dans sa Théologie du Corps, Jean-Paul II expose l’importance sacramentelle de l’acte sexuel comme propre à l’union en une seule chair.
Le signe sacramentel du mariage est donné par le couple, par les paroles qu’ils échangentt — «je te prends pour épouse/époux et promets de t’être toujours fidèle, dans la joie et le malheur, dans la maladie et la santé, et de t’aimer et t’honorer tous les jours de ma vie.» Et en leur fidélité réciproque ils s’engagent à « vivre » une authentique grâce. Commentaire de Jean-Paul II : «De plus, cette vérité (copula conjugale) a été définie dès le commencement dans l’institution par le Créateur. « l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. » (Gn, 2:24)».
L’importance de la différenciation sexuelle est rendue évidente pour le sacrement de mariage en vue de réaliser ce qu’on qualifie de « signe sacramentel ». « Les paroles qu’ils prononcent ne sauraient en elles-mêmes être le signe sacramentel de la subjectivité humaine de l’homme et de la femme qui s’engagent, si en même temps la prise de conscience corporelle de la masculinité et de la féminité des époux n’y correspondait pas ».
Pour Jean-Paul II : «Ce qui le [le signe sacramentel du mariage] définit est en un sens le langage du corps, en tant qu’expression par l’homme et la femme devenant une seule chair par le mariage, se donnant mutuellement masculinité et féminité en fondement (créateur) de l’union conjugale des personnes. Le signe du sacrement de mariage vient du fait que les paroles prononcées par les nouveaux époux reprennent la langue corporelle des origines (lors de la création) et en tout cas lui donnent une forme concrète inimitable . . . . ainsi le langage éternel et nouveau à jamais du corps est non seulement le substratum, mais en quelque sorte le contenu fondamental de la communion des personnes.» (Il les créa homme et femme).
La réalité correspondant à ces mots et que signifie et produit le signe sacramentel précise le contenu sacramentel de cette grâce. «Les époux y participent en tant qu’époux, ensemble, en couple, de sorte que l’effet premier, initial, du mariage (res et sacramentum) est non pas une grâce surnaturelle mais le lien conjugal Chrétien, communion typiquement Chrétienne de deux personnes, car représentant le mystère de l’incarnation du Christ et le mystère de Son union à l’humanité. (Familiaris consortio § 13).
Ainsi donc, cette union en une seule chair n’est pas énoncée comme une simple loi écclésiastique. Bien plus, Jésus nous ramène à la loi de création (Mc, 10: 6-7 ) qui forme un noyau inextricable de permanence, de dualité, et de différenciation sexuelle dans le mariage. Le mariage est tel en particulier qu’il nécessite la différence sexuelle, l’acte sexuel corporel, comme préalable incontournable, en fait, comme fondement à l’union en une seule chair de l’homme et de la femme. «Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair.» (Mc, 10:8).
22 juin 2017.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/06/22/a-one-flesh-sacramental-union/
Photo : Mariage d’Emma et Karol Wojtyla – 1906.