J’ai récemment écrit un article sur les dangers et les bienfaits de la technologie. Supposant que bon nombre d’entre vous êtes en bonne voie pour vous libérer d’une grave dépendance de la technologie, j’espère que vous avez plus de temps à consacrer à ce qui est le plus grand défi de notre temps : la reconversion de ce que furent jadis un grand pays (l’Amérique) et une grande civilisation (la civilisation occidentale), tous deux sombrant dans l’hédonisme et l’athéisme pratique.
Le modèle que nous aurons à suivre est celui de l’Église primitive. Le Bas-Empire romain s’effondrant sous les fléaux, le déclin démocratique et moral, les invasions barbares, et ce que l’ancien président Jimmy Carter appellerait probablement le malaise impérial, ont été providentiellement « investis » par le christianisme de sorte que celui-ci a pu entamer un processus de pénétration de l’Occident — la Chrétienté — qui a duré des siècles.
Comment les premiers chrétiens ont-ils fait ? Certainement pas par la force des armes. Plutôt par : « Je vous donne un nouveau commandement : Aimez-vous les uns les autres. Vous devez vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. C’est ainsi que tous les hommes sauront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres.»
Pour avoir des précisions sur la manière dont cette obligation chrétienne d’aimer a conduit en quelques siècles à des conversions en masse, je recommande vivement le livre de Rodney Stark L’essor du Christianisme.
Quoique Stark ne soit pas catholique, ses conclusions fondées sur des recherches approfondies fournissent d’excellents points de repère pour ceux d’entre nous qui luttent pour relever le défi du néo-paganisme actuel.
Prenez cette information en compte :
En 165, sous le règne de Marc-Aurèle, une épidémie frappa et emporta en quelque quinze années jusqu’à un tiers de la population totale de l’empire, y compris Marc-Aurèle lui-même. Moins de 100 ans plus tard, une épidémie semblable, très probablement de rougeole, frappa encore avec les mêmes résultats. Les historiens admettent généralement que ces épidémies ont vraisemblablement davantage contribué au déclin de Rome que la cause qu’on lui attribue normalement, celle de sa dégénérescence morale.
Selon Stark, ces épidémies ont favorisé l’essor rapide du christianisme pour trois raisons. Premièrement, le christianisme offrait une explication plus satisfaisante que le paganisme, à savoir « pourquoi des choses mauvaises arrivent-elles à d’honnêtes gens » — explication fondée sur la place centrale de la souffrance et la Croix du Christ. Deuxièmement, « les valeurs chrétiennes d’amour et de charité se sont traduites dès le départ en normes sociales de service et de solidarité de la communauté. Quand les désastres ont frappé, les chrétiens ont été plus aptes à faire face, et il en résulta un taux considérablement plus élevé de survivants parmi ces derniers. Cela signifia qu’à la suite de chaque épidémie, le chrétiens formèrent un pourcentage de plus en plus élevés de la population même sans nouveaux convertis ». Enfin, ces épidémies ont laissé un grand nombre de gens sans les liens interpersonnels qui les auraient empêchés de devenir chrétiens.
Stark met aussi en évidence des preuves impressionnantes que « le christianisme exerçait un attrait exceptionnel sur les femmes païennes » parce que « avec la sous-culture chrétienne, les femmes jouissaient d’un statut bien plus élevé que dans le monde gréco-romain en général ». Il montre que le christianisme reconnaissait les femmes comme enfants de Dieu avec la même destinée surnaturelle. En outre les interdits chrétiens de la polygamie, du divorce, du contrôle des naissances, de l’avortement, de l’infanticide, etc. changeaient le statut des femmes. D’esclaves impuissantes sous le joug des hommes, elles devenaient des femmes avec une dignité et des droits à la fois dans l’Eglise et dans l’Etat.
Stark tire quatre conclusions.
Premièrement, la sous-culture chrétienne produisit rapidement un excédent de femmes par suite des interdits chrétiens de l’infanticide (normalement dirigé contre les bébés filles), de l’avortement (causant souvent la mort de la mère) et du taux élevé de conversions au christianisme parmi les femmes.
Deuxièmement le statut plus élevé accordé aux femmes dans le christianisme le leur rendait extrêmement attirant.
Troisièmement, l’excédent de femmes chrétiennes et d’hommes païens produisit beaucoup de mariages qui conduisirent — par la suite à la conversion des hommes païens à la foi chrétienne, un phénomène qui continue aujourd’hui.
Finalement, l’abondance de femmes chrétiennes eut pour résultat un taux plus élevé de naissances ; une fertilité supérieure contribua à l’essor du christianisme.
Le dynamisme du christianisme primitif s’ajoutant à la stigmatisation sociale d’être chrétien et au danger de la persécution et même du martyre, le christianisme a été pour l’essentiel épargné de ce que Stark appelle les « Free Riders ou profiteurs», ceux qui récoltent les bénéfices de la religion sans prendre part à ses sacrifices et ses engagements. Nous pourrions peut-être dire que parmi les premiers chrétiens pendant les quelques premiers siècles du début du christianisme, il y avait beaucoup plus de de bon grain que de mauvais grain.
La Conclusion de Stark ? Le christianisme se développa parce que les chrétiens constituèrent une immense communauté, capable de susciter « l’invincible obstination » qui offensait tant Pline Le Jeune mais rapporta d’immenses récompenses religieuses.
Et le principal moyen de sa croissance : ce furent les efforts conjugués et motivés, d’un nombre croissant de croyants chrétiens qui invitèrent leur amis, leurs parents, et leurs voisins à partager la « bonne nouvelle ».
Au cœur de cette volonté de partager sa foi, il y avait la doctrine, celle qui devait être crue. Et peut-être, la principale innovation doctrinale du christianisme pour un monde païen gémissant sous une foule de misères et saturé de cruauté capricieuse et de l’amour de la mort des autres était que, parce que Dieu aime l’humanité, les chrétiens ne peuvent plaire à Dieu que s’ils s’aiment les uns les autres.
Quelle leçon pouvons-nous en tirer pour notre culture ? Pourquoi ne pas pratiquer les œuvres spirituelles et corporelles de miséricorde ?
Les œuvres corporelles :
Nourrir ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, visiter les malades , loger les sans abri, visiter les prisonniers, enterrer les morts
Les œuvres spirituelles :
Réconforter ceux qui doutent ; instruire les ignorants, faire des remontrances aux pécheurs, consoler les affligés, pardonner les insultes, supporter les offenses avec patience, prier pour les vivants et les morts
Vous voulez changer le monde pour le Christ et aider à ré-évangéliser notre pays ?
Engagez –vous pour le super programme des premiers chrétiens.
paru le 17 Août 2014
http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/a-winning-program-for-renewal.html