Un problème irritant - France Catholique
Edit Template
La justice de Dieu
Edit Template

Un problème irritant

Copier le lien

E.J. Dionne, du « Washington Post », voix la plus éminente des Questions Catholiques au sein de la cour d’Obama s’est élevé publiquement contre la minuscule exception religieuse accordée pour les règles de la contraception par le Ministère de la Santé et des affaires sociales. Au point de déclarer que le Président Obama avait saboté la mise en application de ce règlement, et qu’en agissant ainsi « il avait poussé sous le train ses alliés catholiques progressistes ». Malgré celà, Dionne a récemment endossé le rôle du « défenseur catholique du décret » le plus acharné et le plus tonitruant allié dans la controverse avec le Ministère de la Santé et des affaires sociales.

Que croire?

Revoyons cette obligation. Pour Dionne, « Le problème le plus irritant avec la dispense initiale au sujet de la contraception se posait en raison d’une définition si étroite du terme « religieux » qu’en réalité ces organismes, déviant de leur objet en s’occupant de non-catholiques, se portaient préjudice. Leur activité inspirée par l’évangile était donc qualifiée de non-religieuse. Ceci violait l’essence même de la charité chrétienne et les obligations de justice sociale édictées par l’Église.»

Remarquez, l’objection de Dionne n’avait rien à voir avec la contraception, ni avec ceux qui la subventionnent. Son objection visait les distinctions que le gouvernement peut ou ne peut pas faire en toute justice vis-à-vis de la nature de l’Église. En deux mots, c’est un conflit sur la liberté religieuse; pratiquement identique à un conflit — il y a matière à un certain nombre de conflits — exposé par la Commission administrative de la Conférence Épiscopale des États-Unis, qui qualifie le décret comme « injuste et illégal », une menace sur la liberté religieuse d’une « ampleur sans précédent ».

« Ainsi le Ministère de la Santé crée et applique une nouvelle distinction — étrangère tant à notre tradition catholique qu’à la Loi fédérale — entre nos lieux de culte et nos grands organismes de service à notre prochain, c’est-à-dire aux pauvres, aux sans-abri, aux malades, et aux élèves et étudiants de nos écoles et universités, et à ceux qui sont dans le besoin, de toute religion, de toute communauté, croyants ou non.»

L’exemption religieuse « initiale » contre laquelle Dionne s’élevait était fondée sur des critères hautement restrictifs, en quatre parties, pour définir l’attribution du terme « employeur religieux » en vue de l’exemption. Hélas, comme Dionne le sait bien, cette règle a bien été inscrite « telle quelle » dans le registre fédéral.

De plus, l’administration a clairement précisé qu’en accordant une dérogation, il n’y sera pas inclus une clause de révision des critères en quatre parties pour la définition des « employeurs religieux ». Ce que Dionne considérait comme le « problème le plus irritant » se révèle pour l’administration comme comme un des éléments « non négociables ».

En l’état actuel, il est parfaitement clair que ces odieux critères en quatre parties n’étaient pas, comme Dionne le prétendait dès l’origine, une simple erreur politique, mais non promulguée, commise par un Président Obama d’habitude parfaitement au fait des questions religieuses. Si ç’avait été un simple faux-pas, le président aurait vite et aisément corrigé son erreur. Au lieu de quoi le Président Obama a enfoncé le clou, réaffirmant son mépris de principe pour la liberté religieuse et disant en fait à ses « alliés catholiques progressistes » que s’ils ne voulaient pas se faire pousser sous le train, ils feraient mieux de monter dedans.

Devant ce choix, le souci de Dionne concernant la menace « la plus irritante » sur la liberté religieuse s’est envolé, emporté par le vent politique.
Pendant ce temps, comme l’administration ne recule pas, elle doit se mettre à l’abri. Le Ministère de la Santé mise sur un « arrangement » final bien après les élections, quand le président ou bien sera réélu, ou bien aura dû se défausser tant bien que mal jusqu’en janvier. De toute façon, il n’y a aucune incitation politique à fournir finalement ces « protections sensées de la conscience » promises depuis son discours à l’Université Notre-Dame voici trois ans. À moins d’ajourner aux limbes de l’après-élections tout nouveau texte, l’administration cherche à éviter une avancée des adversaires du décret jusqu’en novembre.

Alors, Dionne entre en scène. Nul ne souhaite à son champion de tomber du piédestal, et plutôt que voir son président préféré souffrir des conséquences politiques de son hostilité manifeste à la liberté religieuse, Dionne dirige son venin sur l’opposition la plus solide et la plus efficace au décret du Ministère de la Santé: l’Épiscopat catholique.

De son perchoir au « Washington Post », Dionne a sinistrement alerté « de la mise au dépotoir de l’Église Catholique Romaine par les plus conservateurs des évêques, celle que nous avons connue profondément impliquée pour la vie et la justice sociale, en la changeant en un groupe de prière du Tea Party. » Ceci est proféré par un homme qui, voici quelques semaines, écrivait dans le même organe, que le décret du Ministère de la Santé « violait l’essence même de la charité chrétienne et les devoirs de justice sociale de l’Église ».

Et tandis que les évêques, contrairement à Dionne, sont restés fermes dans leur opposition au décret, Dionne a le culot de suggérer que, pour des motifs partisans, les évêques ont « transformé un moment d’unité catholique exceptionnelle en une foire de récriminations et de hargne. »

On imagine aisément combien quelqu’un de sérieux dans sa foi catholique — comme Dionne l’est sans doute — doit être décontenancé en se trouvant face à ‘une conférence épiscopale aussi fermement unie. Mais Dionne seul doit répondre de sa position politique et de sa fidélité, tout comme chacun d’entre nous. Quant à ses revendications coléreuses pour la défense de ce décret si irritant, consolons-nous en pensant que l’agitation est rarement un signe de force. « Decretum delendum est »1.


Stephen P. White est membre du groupe d’études catholiques au Centre d’éthique et de politique à Washington.

— –

Image : Une apparition au « Washington Post »

— –

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/a-most-vexing-problem.html

  1. Paraphrase de « Delenda est Carthago », Carthage doit être détruite. (un Américain latiniste, c’est rare)