Après la sortie des bonnes feuilles du livre entretien de Benoît XVI avec Peter Seewald, Lumière du monde, samedi soir, 20 novembre, dans L’Osservatore Romano, en italien, on a pu constater une difficulté de traduction.
Le Pape prend l’exemple de la prostitution masculine homosexuelle et parle de l’usage du préservatif dans des cas exceptionnels, pour ne pas mettre la vie de l’autre en danger. Ce n’est pas, comme d’aucuns ont cru le lire, le recours à la morale du « moindre mal ». Le mal ne peut jamais être voulu. Mais la prise de conscience que l’on ne peut finalement pas faire tout et n’importe quoi, sans se faire du mal à soi-même et aux autres est un premier pas dans la bonne direction : l’humanisation de la sexualité. Le début de cette prise de conscience de la responsabilité personnelle dans l’exercice de la sexualité est un pas qui n’est pas moralement sans valeur. Le P. Lombardi a expliqué très clairement la position du Pape, dans un communiqué spécial, dimanche soir.
Mais le passage en question vaut la peine d’être rappelé car une question de traduction a fait problème.
Le Pape dit, dans la traduction en français de chez Bayard (en librairie le 3 décembre) : « Il peut y avoir des cas particuliers, par exemple lorsqu’un prostitué utilise un préservatif, dans la mesure où cela peut être un premier pas vers une moralisation, un premier élément de responsabilité permettant de développer à nouveau une conscience du fait que tout n’est pas permis et que l’on ne peut pas faire tout ce que l’on veut. Mais ce n’est pas la véritable manière de répondre au mal que constitue l’infection par le virus VIH. La bonne réponse réside forcément dans l’humanisation de la sexualité. »
Dans les extraits publiés par L’Osservatore Romano, l’italien traduit au féminin « prostituée », certainement parce qu’en italien le masculin « prostitué » ne s’utilise pas. Or, l’allemand, également publié sur un site Internet est sans ambiguité au masculin: « ein Prostituierter ». L’anglais (Ignatius Press) dit comme l’Allemand – et le Français – « male prostitute ».
Le sociologue italien, fondateur du « Centre pour l’étude des nouvelles religions » Massimo Introvigne, a commenté sur son site (www.cesnur.org), cette erreur de traduction en italien. Il fait remarquer que ce ne sont pas les femmes qui utilisent le préservatif. Mais qu’il ne s’agit pas non plus d’un homme qui se prostitue avec des femmes : on emploierait en allemand un autre terme.
Introvigne en conclut que le Pape a ainsi pris un exemple clair, ne voulant pas introduire dans le raisonnement la problématique du refus d’une grossesse éventuelle, qui a d’autres implications.
Si le Pape emploie le masculin, c’est, dit Introvigne, qu’il pense à la prostitution masculine homosexuelle: les « clients » sont réticents à l’emploi du préservatif et les prostitués porteurs du virus le transmettent rapidement. Ce qui est en cause, c’est l’homicide. Refuser de tuer, c’est un « premier pas ».
NB
Pour aller plus loin :
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