Un président philosophe ? - France Catholique
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Un président philosophe ?

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La victoire d’Emmanuel Macron est d’abord de nature politique. Mais elle est aussi idéologique. Et je prends le mot dans sa meilleure acception. Le nouveau président de la République a voulu dépasser l’offre politique classique de la droite et de la gauche. Ce n’était pas par simple calcul tactique, c’était par conviction intellectuelle. Sans doute, le comprendrons-nous beaucoup mieux, au fur et à mesure de son exercice du pouvoir. Mais d’ores et déjà, on peut tenter une approche de sa pensée intime et des convictions qui l’animent. Ce n’est pas pour rien qu’étudiant, le jeune homme a été à l’école de Paul Ricœur. Plus qu’aucun de ses prédécesseurs, il sera probablement enclin à réfléchir à la philosophie de son action. Et il le fera d’autant plus qu’il sera affronté à la complexité des décisions à prendre.

Personnellement – si j’en puis faire l’aveu – cela n’est pas pour me déplaire, même si je me pose de nombreuses questions de cohérence à son propos. Mais la cohérence n’est pas toujours évidente, lorsqu’il s’agit d’interpréter le monde tel qu’il est, et de le transformer. Je lis que, selon quelques uns de ses admirateurs, Macron aurait terrassé le dragon néoréactionnaire et néoconservateur qui était sur le point de dominer la scène intellectuelle. Jacques Attali le loue d’affirmer « un libéralisme et un cosmopolitisme décomplexés ». Les choses sont un peu plus compliquées que cela. Car le président loue les vertus de l’enracinement autant que celles de l’ouverture.

Si Emmanuel Macron s’oppose aux anti-mondialistes de droite et de gauche, il faudra qu’il démontre en actes qu’il est possible de surmonter les déséquilibres produits par la mondialisation économique et financière. Comment pourra-t-il répondre concrètement aux plaintes de la France périphérique ? Il y a aussi la menace mondiale de l’islamisme extrémiste. Il y a le problème considérable des quartiers perdus de la République. Il faudra pour affronter tout cela une intelligence critique aiguë, alliée à une dynamique soutenue de l’action. L’intellectuel ne sera pas de trop pour éclairer le politique.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 mai 2017.