En cette fin d’année, comme beaucoup, je suis tenté de faire un bilan en ce qui concerne notamment mon travail d’informateur religieux. Dans ma vie de journaliste, je n’ai pas pratiqué exclusivement ce seul terrain, mais la somme d’expérience que j’y ai accumulée me conduit à m’interroger plus particulièrement sur le traitement réservé à l’Église par les médias. Or il se trouve qu’un ouvrage, que viennent de publier les éditions Pierre-Guillaume de Roux, rejoint mes réflexions en les enrichissant. Je recommande vivement cet ouvrage de deux vaticanistes italiens, Paolo Rodari et Andrea Tornielli intitulé « Un pontificat sous les attaques ». Dieu sait si ces attaques je les ai analysées, souvent ici-même, y ai répondu de mon mieux. Mais le dossier accumulé par mes collègues me permet de mieux comprendre encore les difficultés auxquelles est affronté le Saint Siège.
J’y pensais ces jours-ci, avec ce qui nous arrive des Pays-Bas, ce dossier à nouveau accablant sur la pédophilie dans le clergé. Pourquoi l’Église est-elle la seule cible dans ce domaine alors que l’on sait pertinemment que c’est toute la société qui se trouve atteinte par ce fléau ? Mais les médias vont au plus vite, ils estiment pouvoir fragiliser une institution avec laquelle ils ont des comptes à régler. Ce qui souvent dispense d’un véritable discernement. Ainsi, le pénaliste milanais Luca Steffenoni, qui s’est spécialisé sur le sujet, déclare : « Sur cinq mille dénonciations d’abus, pas plus de mille passent le test de la vraisemblance minimale. Souvent il s’agit de vengeance, ou parfois de chantage. Mais une fois accusé de pédophilie, celui qui parvient à prouver son innocence peine beaucoup à retrouver sa place. »
L’Église n’a pas toujours une communication adaptée, sans compter que le pape doit compter aussi sur les crocs en jambe de ceux que Saint Paul appelait déjà les faux-frères. Mais faisons confiance à notre pape. Il ne manque pas d’humour. C’est Joseph Ratzinger, rapportent mes confrères, qui rappelait ce mot du cardinal Consalvi, à qui l’on expliquait que Napoléon voulait détruire l’Église : « Il n’y parviendra pas, nous n’y avons pas réussi non plus ».
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 21 décembre 2011.