Dans l’incertitude du résultat final de l’élection américaine, une inquiétude sérieuse se fait jour. Pour l’éditorialiste du Monde, la démocratie est en danger, du fait de l’attitude de Donald Trump, intervenant de façon brutale dans le processus électoral. Il est vrai que pour le quotidien progressiste, le président américain ne fait que poursuivre sa trajectoire, celle qui bouleversé complètement le jeu politique depuis quatre ans. De ce point de vue, on ne peut qu’accorder le caractère atypique – le mot est faible – de Donald Trump. Risque-t-il de déstabiliser la démocratie américaine par ses interventions intempestives ? On aura la réponse complète à cette question, lorsqu’on sera arrivé au terme du processus avec les dispositions légales qui l’encadrent. Nous n’en sommes pas au coup d’État redouté par certains. Mais on est bien obligé de constater en même temps que la situation des États-Unis est plus que tendue et que nous sommes loin de la paix intérieure que la constitution fixe comme objectif à la nation.
Donald Trump est-il l’unique responsable de cette tension ? On peut s’interroger pour comprendre ce qui s’est passé depuis l’élection de Barack Obama, qui, sur le moment, avait été reçue comme une promesse quasi messianique. Qu’est-ce qui a bien pu détraquer le système, au point que tous les observateurs s’accordent au moins sur le constat d’un pays déchiré ? Le phénomène Trump est inexplicable sans examen sérieux de la santé morale du pays, qu’il n’a sans doute pas améliorée mais qui ne saurait lui être imputée à lui seul. La violence n’est pas d’un seul camp. Les oppositions idéologiques n’ont cessé de s’aggraver, et pour beaucoup Trump est le rempart à un déferlement qui met en question la survie même de l’Amérique traditionnelle.
Rien de tout cela n’est en mesure de nous rassurer. Il nous reste à faire des vœux pour que le processus électoral trouve rapidement l’issue la plus raisonnable.