L’heure est-elle aux commémorations ? Nous avons trop de préoccupations en tête pour nous permettre de nous échapper dans le temps. Et puis l’événement dont nous pourrions évoquer le centenaire nous renvoie à une toute autre époque. Au moment de son cinquantenaire, il aurait frappé tous les esprits et mobilisé tous les médias, puisqu’il s’agissait de rendre compte d’une réalité politique majeure dans notre pays. Le parti communiste français rassemblait autour du quart de l’électorat, il était solidement implanté dans ce qu’on appelait la banlieue rouge, et ses dirigeants, tel Georges Marchais après Maurice Thorez, étaient des voix écoutées et même admirées jusque chez leurs adversaires. Aujourd’hui, le parti longtemps appelé parti des travailleurs, ne joue plus qu’un rôle marginal à l’intérieur d’une gauche elle-même mal en point.
Tout s’est joué autour de 1989, avec la chute du mur de Berlin qui entraîne celle de l’empire soviétique. Un certain Jean-Paul II a joué un grand rôle dans ce tournant historique. Mais puisqu’il s’agit d’anniversaire, il est permis de se remémorer, un instant, ce que fut la réalité humaine de ce phénomène dont la solidité apparaissait si forte. Comme le souligne l’historien Stéphane Courtois, il y avait deux dimensions essentielles dans ce phénomène. Une dimension sociale considérable qui faisait du parti l’interprète de ce qu’on appelait le prolétariat, avec un tissu associatif de premier ordre. Et puis aussi une dimension que Courtois appelle téléologique, et qui se rapporte aux buts du communisme international, dirigé depuis Moscou. Le simple nom de Staline évoque l’horreur totalitaire du communisme réel.
Et pourquoi ne pas le dire ? La séduction communiste a aussi touché une frange de chrétiens appelés progressistes. De là des polémiques dont nous avons perdu le souvenir, puisque nous appartenons à un autre monde.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 23 décembre 2020.