L’expression « un Pape qui dérange » est aujourd’hui assez répandue, inspirée pour des motifs très divers. Beaucoup mettent en valeur les qualités d’un pasteur toujours proche des réalités concrètes et déconcertant ainsi par sa liberté de ton. D’autres ont en tête un cadre d’interprétation beaucoup plus discutable, qui se réclame clairement d’une idéologie. Ainsi, on explique que François, à l’encontre de ses prédécesseurs, accepterait le monde moderne dans sa trajectoire actuelle, accompagnant ses évolutions sans vouloir les contrecarrer. Aussi accepterait-il l’état des mœurs, et notamment la réalité massive du divorce. Et – pourquoi pas ? – les unions homosexuelles. C’est donc à une révolution déterminante que se serait attelé cet homme, dont certains déplorent la solitude et le possible échec… Il est vrai que ce type de discours se trouve conforté par les critiques amères de certains milieux traditionalistes qui, pour d’autres raisons, stigmatisent le Pape qui dérogerait à la doctrine traditionnelle.
L’intéressé vient de répondre, au moins implicitement, aux uns et aux autres, dans un entretien publié par le quotidien espagnol El Pais : « Je ne fais aucune révolution, j’essaie seulement de faire avancer l’Évangile. » Et si la nouveauté de l’Évangile apparaît comme scandaleuse, il ne faut pas se tromper sur la nature du scandale, qui n’est autre que celle de la sainteté. Une sainteté qu’il retrouve – mais oui ! – chez ses collaborateurs de la Curie romaine qu’il se charge pourtant de secouer rudement. Les saints, poursuit-il, sont ceux qui brûlent leur vie pour concrétiser l’Évangile. Ils se retrouvent dans toutes les générations. Le lecteur de Joseph Malègue peut ainsi évoquer « les classes moyennes de la sainteté » dont les mérites sont immenses. Le même entretien à El Pais donne lieu à une confidence. Depuis plus de vingt-cinq ans, l’ancien archevêque de Buenos Aires fait une totale abstinence de la télévision. C’est une promesse qu’il a faite au Seigneur !
Mais pour se faire une idée exacte de la fidélité profonde du Saint-Père à l’égard du sacrement de mariage, on lira avec profit son intervention du samedi 21 janvier devant les membres du tribunal de la Rote. Loin de céder à « la culture dominante de l’éphémère et du provisoire » le Pape veut au contraire mobiliser l’Église pour développer un catéchuménat « le plus efficace possible », avant et après la célébration du mariage pour lutter contre des unions inconsistantes par manque de préparation sérieuse et de constance. C’est tout le contraire d’une pastorale d’alignement sur le monde qu’on veut lui imputer contre toute vérité.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- OBSERVATION : SCIENCE ET MIRACLE
- SCIENCE ET SAVOIR (*) Louis Pasteur et la religion