Samedi 17 décembre, notre pape François fêtait son quatre-vingtième anniversaire. L’événement a été célébré avec la sobriété coutumière du Pape. Le matin, il a partagé son petit déjeuner avec des sans abris, puis célébré la messe avec les cardinaux présents à Rome. « Priez, leur a-t-il dit, pour que ma vieillesse soit tranquille, religieuse et féconde. Et aussi joyeuse. » Depuis qu’il a été élu successeur de Pierre à la suite de la renonciation de Benoît XVI, nous nous sommes habitués à sa personnalité singulière, indiscutablement très différente de celle de ses prédécesseurs. Fort heureusement, l’Église est riche de la diversité des personnalités qui la servent, avec leurs charismes propres. Charisme, cela se rapporte à la fois aux dons humains et aux grâces que l’Esprit accorde aux serviteurs de Dieu.
C’est Max Weber qui parlait de personnalités charismatiques, particulièrement douées pour exercer des responsabilités de premier plan. Il ne fait pas de doute que François participe de ce type de personnage, qui impressionne l’opinion en raison d’une sorte de rayonnement. Mais lorsqu’il s’agit d’un homme d’Église, a fortiori d’un Pape, l’expression prend une tournure très différente. Car il ne s’agit pas de se comporter en leader qui magnétise les foules, avec d’ailleurs les déviations que ce genre de phénomène peut engendrer. La discipline spirituelle propre à la vie chrétienne suppose une ascèse qui permet une transformation des dons naturels, dans le sens d’un plus grand service. Et cela est particulièrement vrai des membres de la Compagnie de Jésus, qui dès leur noviciat, sont imprégnés des exercices spirituels de saint Ignace de Loyola.
C’est comme cela qu’il faut comprendre, je crois, l’attitude de François et cette façon très particulière qu’il a de mettre chacun, et d’abord les responsables de la hiérarchie et les prêtres, en examen personnel, quitte à paraître parfois plutôt sévère. Mais c’est aussi la conséquence de son obsession du ministère de la miséricorde. Hors de la miséricorde, pour parodier saint Paul, nous ne sommes que des cymbales retentissantes. La miséricorde doit nous transformer de fond en comble, pour être transparents au témoignage de Celui qui s’est donné totalement sur la Croix.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 décembre 2016.