À la veille du départ du Pape pour les JMJ de Rio, plusieurs journaux s’interrogeaient, après avoir réalisé un premier bilan du nouveau pontificat. Sur quelles perspectives, sur quelles réformes pourrait bien déboucher cette façon personnelle de François d’assumer sa charge pontificale ? Les premières nominations attendues pour la rentrée, la mise en chantier de la réforme de la Curie et de l’administration du Saint-Siège à partir des rapports commandés, dont celui très attendu du groupe Maradiaga, manifesteront-elles une volonté de changement radicale qui serait conforme au sentiment d’un homme rebelle à tous les compromis où l’Église perd le sens de sa mission ? Certains vont jusqu’à évoquer explicitement une menace de mort. Stéphanie Le Bars dans Le Monde, et plus encore Frédéric Lenoir dans Le Journal du dimanche affirment que c’est de l’intérieur de la Curie que pourrait provenir une initiative meurtrière !
On évoque « le précédent » de Jean-Paul Ier, sur le décès duquel un journaliste anglais avait écrit un roman rocambolesque, dont la plupart des affirmations étaient diffamatoires. Les choses sont suffisamment compliquées pour qu’on n’en rajoute pas sur le terrain de l’imagination, souvent fertile lorsqu’il s’agit des prétendus secrets du Vatican. Tous les dicastères ou services romains n’éprouvent pas les mêmes difficultés. Il y en a en parfait état de marche. D’autres doivent être profondément remaniés, du point de vue des méthodes, du personnel, des relations avec l’Église universelle. Le scandale du Vatileaks a mis en cause l’organisme de commandement lui-même, la Secrétairerie d’État. Et il ne fait aucun doute que la banque vaticane doit être arrachée à toute captation mafieuse.
En se lançant dans cette entreprise considérable de refonte de la Curie, François prend incontestablement des risques qui ne tiennent pas seulement aux résistances de l’appareil. L’administration ecclésiale n’est pas n’importe quelle administration. Son savoir-faire spécifique n’est pas à rejeter unilatéralement. Elle est toujours à réformer en se purifiant. La barque de Pierre est toujours promise aux grandes navigations, celles que Jean-Paul II et Benoît XVI ont accomplies en dépit des obstacles. Celles que François accomplira selon son charisme propre, pour être fidèle à sa charge de pasteur universel.
Pour aller plus loin :
- La grande semaine de la jeunesse du monde
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Jean-Paul Hyvernat
- La double sentence conforme. Fin prochaine d’une procédure multiséculaire ?
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918