Inutile de prolonger les querelles des semaines passées, avec des polémiques qui paraissent obsolètes le lendemain même de leur diffusion ! Hier, un éditorialiste accusait Benoît XVI d’être « un pape fictif ». On juge de la pertinence de son propos en le mettant en rapport avec l’étonnante présence de l’évêque de Rome sur la scène du monde ! Il était, il y a quelques jours, à Chypre. Chypre : symbole du choc des cultures, avec la plaie vive d’une division en deux comme l’était l’Allemagne d’avant 1989… Chypre, d’où sont partis les bateaux d’aide à Gaza qui n’est qu’à quelques encablures, cette flottille qui a provoqué la crise internationale dont Israël a le plus grand mal à se dépêtrer…
Si Benoît XVI s’est rendu dans cette île, ce n’est pas pour aller à la rencontre de foules catholiques, comme à Malte ou au Portugal. La communauté unie à Rome y est très minoritaire. C’est vrai que le Successeur de Pierre a le souci de toutes les Églises, y compris les plus humbles et celle-là l’a chaleureusement accueilli. Mais il y avait d’autres buts à cette venue au cœur névralgique de la Méditerrannée. Tout d’abord celui de l’unité des chrétiens et de l’approfondissement des relations avec l’orthodoxie. De ce point de vue, l’interlocuteur privilégié qu’est l’archevêque Chrisostomos II a permis d’entrevoir des avancées décisives. Dans cette même perspective, la préparation du Synode des évêques du Proche-Orient, prévu en octobre, met en évidence la solidarité des Églises pour leur survie dans cette région.
Enfin, la situation politique critique, mise en évidence par les événements récents, contribue à donner à la visite papale une dimension géostratégique. La dissociation de la violence et de la religion s’impose plus que jamais et Benoît XVI a montré qu’il consacre ses efforts à cette œuvre de paix où se joue la crédibilité du message évangélique. n