Le président Obama a tenu à accueillir le pape François à son arrivée à Washington, accompagné de toute sa famille. Chacun sait qu’Obama est protestant et que c’est à cause de l’estime particulière qu’il éprouve pour le Pape qu’il lui manifeste autant d’attention et d’égards. Faut-il parler d’une connivence politique entre les deux hommes, concernant notamment la protection de la planète en termes écologiques et un certain sens de la justice sociale ? Cela est avéré. Faut-il aller plus loin, en prétendant comme certains que François serait plus accommodant sur le terrain sociétal que ses prédécesseurs et qu’il n’aurait pas l’obsession de l’avortement et du mariage homosexuel propre à ce qu’on appelle une hiérarchie conservatrice ? C’est un refrain obsédant dans beaucoup de médias et dont il convient, à mon sens, de se méfier car il est fondé sur des ambiguïtés redoutables.
Prenons le thème de l’avortement. Je suis persuadé que loin d’être estompé par le Pape, il lui tient particulièrement à cœur, notamment par ce qu’il sait d’expérience que, pour les femmes qui ont subi cette épreuve il s’agit d’une blessure profonde que seule la miséricorde divine peut guérir, dans une démarche intime qui suppose la révélation absolue de l’amour qui sauve. C’est précisément pour cela que François a donné le pouvoir de pardonner directement aux prêtres cette faute qu’on appelle réservée, afin que les personnes blessées soient secourues dans les meilleures conditions. Il est vrai que la miséricorde suppose un regard sacerdotal, celui du curé d’Ars qui voyait venir à lui des milliers de pénitents parce qu’ils savaient qu’ils seraient délivrés de leur fardeau.
Il s’agit donc de ne pas se tromper. Le Pape n’a rien abandonné de l’enseignement de ses prédécesseurs, mais il veut donner une nouvelle vitalité à cet enseignement en rendant plus proche, plus abordable, le mystère rédempteur qui signifie renaissance, résurrection de l’homme sauvé. N’est-ce pas le sens de la parabole centrale qu’est l’enfant prodigue et qui nous fait comprendre la folle prodigalité du Père qui pardonne et décide d’une fête à tout casser pour accueillir celui que l’on croyait perdu ?
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 septembre 2015.
Pour aller plus loin :
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