Nous avons présenté dans le numéro 3229 de France Catholique (8 octobre 2010), la future Bande Dessinée de Brunor qui aborde la question de l’âge de l’Univers et de l’Evolution, dans le cadre de sa vaste enquête sur les indices de l’existence de Dieu. Elle paraît sous forme de feuilleton dans l’hebdomadaire ces temps-ci.
Cet album intitulé « Un Os dans Evolution » (Tome 2 des « Indices pensables ») se présentera comme un Tintin, grand album cartonné tout couleur. C’est une aventure éditoriale énorme à notre échelle. Nous avons besoin de votre soutien pour la mener au bout. C’est pourquoi nous serons reconnaissant à tous ceux qui voudront bien la commander d’avance (souscription). Cela nous permettra de régler nos tirages et d’éviter les frais très coûteux de retirages ultérieurs ou de laisser un ouvrage en situation de rupture de stock (c’est ce qui risque peut-être de nous arriver avec le Tome 1 des « Indices pensables » intitulé « Le Mystère du Soleil froid » et dont les derniers exemplaires sont en train d’être vendus en librairies religieuses – édition du Jubilé, diffusion Hachette).
Nous avons fixé trois prix selon la quantité d’albums « Un Os dans Evolution » que vous commanderiez (livrables en une seule fois à la même adresse). Les frais de port et la TVA sont compris dans ces trois prix qui ne sont valables que jusqu’au 15 décembre 2010. Si vous étiez assez nombreux, cet album pourrait paraître avant Noël 2010. Cela dépend du nombre de souscriptions que nous aurons reçues d’ici quelques jours.
Entretien avec Brunor à propos de sa future B.D.
Cette fois, vous abordez un sujet très controversé : l’évolution…
Grâce au précédent album (Le Mystère du soleil froid), des responsables de pastorale m’ont demandé de venir parler dans différentes aumôneries d’écoles, collèges et lycées, festivals, frats, dans toute la France. Les centaines de jeunes que je rencontre ainsi régulièrement, sont de milieux extrêmement variés. D’ailleurs il ne s’agit pas seulement de collèges catholiques, mais aussi de LEP dans des régions plus ou moins favorisées. Ces jeunes ont un point commun : ils sont très étonnés de découvrir que Dieu, le Dieu de la Bible, est « compatible » avec l’Univers réel, celui que nos astrophysiciens et nos biologistes étudient.
Vous voulez dire que la foi n’est pas incompatible avec l’univers que découvrent les sciences ?
Il ne suffit pas de le dire, il s’agit de le montrer. Les jeunes voient des contradictions entre le récit biblique et les récits des savants, en particulier à propos de l’évolution biologique. Ils opposent évolution et création comme deux concepts en conflit, dont le gagnant est l’évolution. Du coup, la Bible passe pour une fable qui ne sert plus à grand-chose, ou alors exceptionnellement. C’est la conclusion de la grande majorité. Les jeunes chrétiens sont déstabilisés et pourraient être tentés par un repli identitaire dans l’attitude « créationniste » qui suspecte les sciences d’imposture et affirme la fixité des espèces créées définitivement en quelques jours…
Comment sortir de ce débat créationnistes contre évolutionnistes ?
En montrant que ces deux termes ne sont pas contradictoires, malgré les apparences.
« Aucune incompatibilité n’existe entre création et évolution. » Teilhard a été critiqué et combattu pour avoir compris cela, et on peut constater qu’une telle affirmation surprend encore beaucoup de monde. Et rares sont ceux qui savent que cette citation est de Benoît XVI (le 31 octobre 2008). Si une telle déclaration fondamentale est de nature à aider les catholiques à réfléchir d’une façon nouvelle à ces questions, on peut craindre qu’elle soit de peu d’effet sur les autres, à moins qu’ils ne comprennent sur quoi s’appuie la réflexion du Pape. Il s’agit donc de mener une enquête objective sur ce thème et d’essayer de voir les raisons qui permettent au magistère d’enseigner cela aujourd’hui.
Vous pensez que vos bandes dessinées peuvent y contribuer ?
La BD est un moyen peu onéreux pour rendre accessibles des informations qui existent mais qui ne rejoignent pas toujours le grand public. Pourtant, tout le monde se pose des questions sur le sens de la vie, Dieu, le mal, la liberté… Il ne suffit pas de proclamer : Croyez nos textes sacrés, rejoignez ma religion, elle vous explique tout ça ! Nous avons la chance de vivre une époque où pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, il est devenu possible de faire la part du vrai et du faux sur certaines questions. C’est ainsi que les astrophysiciens donnent raison au peuple hébreu tout seul, contre les autres peuples de l’Antiquité, en ce qui concerne le soleil. (Cette affaire est racontée dans le tome I.) Mais les Hébreux auraient pu dire la vérité sur le soleil grâce à un coup de chance. Avoir raison une fois ne suffit pas, il faut poursuivre l’enquête. On s’aperçoit alors que les prophètes ont affirmé d’autres choses concernant l’Univers et l’homme qui sont exactes. C’est fort étrange car ils n’étaient pas des scientifiques, ils n’ont jamais prétendu que la Bible était un manuel scientifique, et d’ailleurs, le mot scientifique n’existait pas ! Pourtant, il se trouve que certaines de leurs affirmations peuvent, depuis peu, être vérifiées par nos outils scientifiques. Et cela constitue une révolution considérable dont nous ne mesurons pas encore la portée.
En quoi les sciences peuvent-elles nous aider à faire confiance à la Bible ?
Par exemple, le livre de la Genèse est le seul récit de l’Antiquité (à notre connaissance), qui nous relate une Création du monde par étapes. Il suffit de comparer. Certes, Platon nous relate des étapes, mais dans son récit, l’homme est en premier, il s’est donc trompé à ce sujet, alors que la Bible ne s’est pas trompée. Comment les prophètes ont-ils osé écrire que l’homme était créé en dernier ? Ils sont les seuls à le faire. Voici de quoi interpeller la curiosité d’un interlocuteur (même athée).
Et comme nous en avons tous autour de nous…
Ne risquez-vous pas de faire du concordisme ?
Une animatrice de pastorale me l’a reproché, elle était convaincue que dès qu’on compare le récit biblique avec des informations scientifiques, on fait du concordisme ! Pour éviter tout malentendu, il vaut mieux revenir sur la définition des termes qu’on emploie. Le concordisme : Au XIXe siècle, on a voulu interpréter des passages bibliques en leur faisant dire certaines choses, de manière à les faire concorder avec les sciences balbutiantes de l’époque. Comme ça ne fonctionnait pas, les concordistes se sont ridiculisés et les chrétiens ont juré qu’on ne les y prendrait plus, ce qui était une sage décision.
On parle donc de concordisme, quand ça ne concorde pas ?
Oui, quand on trafique les textes et qu’on fait dire à la Bible ce qu’elle ne dit pas. Hélas, des gens ont mal compris et s’imaginent à tort que dès qu’on compare la Bible et les sciences, c’est du concordisme. Se méfier des sciences, c’est se priver d’indices qui permettent de vérifier que le Créateur dont nous parle la Bible est en cohérence avec l’Univers réel, car les sciences et la foi, qui sont situées sur deux plans différents et doivent y rester, nous parlent bien du même Univers.
Quand un récit biblique nous dit par exemple : la piscine appelée Bethesda est située à tel endroit, près de la Probatique et elle a cinq portiques. Les archéologues creusent à l’endroit indiqué et trouvent les vestiges comme ils étaient décrits. Est-ce du concordisme ? Certainement pas. C’est plutôt une confirmation que le texte de Jean disait vrai. Quand le psaume 102 nous dit que l’Univers entier (Terre et Ciel) s’use comme un vieux vêtement… Si les astrophysiciens nous affirment l’usure de l’Univers, est-ce du concordisme ? Nous n’avons réinterprété ni le récit biblique, ni celui des savants : on ne voit pas en quoi il s’agirait de concordisme, c’est encore une confirmation.
Et donc, on peut dire : C’était vrai. La piscine était bien à l’endroit indiqué et l’Univers s’use comme l’enseigne la Bible.
Mais les sciences progressent, on ne peut pas fonder sa foi sur quelque chose de mouvant !
Entièrement d’accord. C’est pourquoi je précise toujours que cette approche n’a pas la prétention de fonder la foi, mais seulement de la rendre envisageable. Comme le faisait Jean le Baptiste, il s’agit de débroussailler les chemins vers Dieu pour les rendre accessibles, et surtout pas de contraindre les gens à emprunter ces chemins. Si le Dieu de la Bible avait raconté aux prophètes des blagues du genre : le soleil est éternel, l’univers est éternel et incréé, les êtres humains (qui précèdent le reste des vivants) sont devenus des animaux à cause d’une tragédie et d’une chute… Ne serions amenés, depuis que nous connaissons les grandes étapes de l’Histoire de l’Univers à construire une cloison étanche entre notre croyance et le monde réel, car les deux seraient incompatibles. Mais ce n’est pas le cas du judéo-christianisme dont le Créateur n’a pas envoyé ses amis sur de fausses pistes. Voilà pourquoi nous pouvons nous réjouir de ces progrès de la connaissance, qui nous conduisent parfois à mieux lire les textes bibliques.
n Ces nouvelles données confirment-elles le lien entre « foi et raison » ?
Ce n’est pas pour rien que Jean-Paul II et Benoît XVI nous interpellent sur ce thème, car nous avions tendance à oublier cette réalité (depuis Kant). Mais pour des animateurs de catéchèse, il ne suffit pas de déclarer : « La foi et la raison sont en harmonie(1) », encore faut-il pouvoir le montrer. Et cela n’est pas si difficile, puisqu’on peut le faire en bandes dessinées, sans pour autant être réducteur.
Le maître mot étant de le faire de façon non contraignante, dans le respect de la liberté, c’est pourquoi toutes ces informations ne constituent pas des preuves, mais des indices qui permettent à chacun de tirer ses propres conclusions. Comment le faire si les indices ne sont pas accessibles ? C’est un vrai bonheur pour un lycéen chrétien de réaliser que la raison n’est pas en compétition avec sa foi, et qu’elle devient alors communicable auprès de ses amis athées. Ce n’est possible que si la foi est intelligible. Si elle ne reposait pas sur un contenu vérifiable, ne serait-elle pas une option en difficulté face à un athéisme dominant qui affirme que l’Univers est seul et que les atomes se débrouillent tout seuls pour fabriquer des êtres doués de vie et d’intelligence ? Si la preuve était faite que Jésus de Nazareth n’a jamais existé, que ferions-nous ? Différentes sciences nous permettent de savoir qu’il a vécu à telle époque (2). Est-ce du concordisme ? On voit bien que cela confirme qu’une affirmation était vraie.
Mais la Résurrection est du domaine de la foi.
D’accord, mais la foi n’est pas aveugle : elle s’appuie sur une réflexion. Je sais que je peux croire en la Résurrection car j’ai des raisons pour le faire : je constate que les témoins ont préféré mourir plutôt que de nier l’avoir vu vivant après sa mort. Et je peux m’appuyer sur le témoignage de la génération suivante qui savait pouvoir faire confiance à ces martyrs, et ainsi de suite. Avez-vous remarqué que dans la Bible, Dieu ne demande jamais de « croire aveuglément » ? Au contraire, il dit toujours : « Souvenez-vous, n’ai-je pas fait ceci et cela, pour vous ou pour vos pères, vérifiez, analysez ! » Et quand Jésus reproche à ses disciples leur manque de foi, il leur dit : « hommes sans intelligence ! » C’est effectivement assez nul d’avoir reçu l’intelligence et de ne pas s’en servir.
Car si le Créateur nous donne des indices pour mériter notre confiance, ne les gâchons pas : « Si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des signes que vous avez vus ! » dit Jésus dans l’évangile de Jean. Les signes ne sont pas contraignants, ils ne sont pas des preuves, mais des indices pour les chercheurs.
Il faut aussi montrer comment le couple Bible et sciences fonctionne sur deux étages bien distincts, qu’il ne faut pas confondre.
N’est-ce pas contradictoire avec ce que vous disiez ?
La foi n’a pas à essayer de contraindre la recherche scientifique comme elle l’a fait dans certaines affaires (Galilée et autres). Elle a intérêt à se documenter sur les découvertes pour en tenir compte dans sa prière et sa réflexion. De son côté, la science n’a pas à essayer de changer de registre, comme elle l’a fait dans l’affaire Darwin. Ses amis ont prétendu transformer certains faits scientifiques indiscutables en théorie métaphysique (toujours) discutable où Dieu est évacué comme inutile. Mais la question de Dieu n’est pas de la compétence des sciences qui ne peuvent étudier que ce qui est à la portée de leurs instruments de mesure et d’observation. D’où l’abus pseudo-scientifique du mot hasard… La bd aborde ces aspects.
n Pourquoi ce titre : « Un Os dans l’Évolution ? »
Petite précision qui a son importance : le titre que j’ai choisi ne dit pas que l’os est dans l’Évolution, mais dans le mot « Évolution ».
Cela m’a amusé de démarrer le livre par cette aventure authentique du premier os de dinosaure trouvé puis perdu ! La découverte de ces os géants a d’abord constitué un sérieux os dans la représentation de l’histoire du monde pour les judéo-chrétiens, mais il les a obligés à travailler et à convertir leur regard sur l’univers et les interprétations erronées de la Bible.
Par la suite, cet os symbolique vient déranger le camp des athées, car les progrès nous apprennent que la matière elle-même a connu une évolution, elle n’est donc pas éternelle comme le postule cette philosophie. à chacun de résoudre les « os » que pose la réalité…
Cet os est-il un clin d’œil à la Boucherie Sanzot dans les aventures de Tintin ?
Je n’y avais pas pensé, ce doit donc être inconscient, car je suis un fan, et j’ai travaillé avec la Fondation Hergé quand j’étais responsable des pages BD de Tintin-Reporter. Si vous voulez un nouvel os à ronger, comme dirait Milou, il y a de quoi méditer avec cette autre affirmation de Benoît XVI : « la Création n’est pas encore achevée » (au collège des Bernardins le 12 septembre 2008) !