Comme cela a été largement diffusé, trois évêques du Kazakhstan – Tomash Peta, Jan Pawel Lenga, et Athanasius Schneider – ont fait paraître le 31 décembre 2017 une « Profession des vérités immuables du mariage sacramentel ». Cette défense raisonnée de l’enseignement catholique sur le mariage catholique se plante au coeur des problèmes occasionnés par le huitième chapitre de Amoris Laetia.
Maintenant que l’émoi initial des commentaires s’est éteint, j’aimerais examiner calmement ici trois paragraphes qui résument pourquoi la permission de recevoir la Sainte Communion donnée à ceux qui sont dans des « seconds mariages » et ont l’intention de continuer des actes d’adultères est une grave offense contre l’enseignement de l’Eglise au sujet du caractère sacré et de l’indissolubilité du mariage. Cette permission abolit la discipline sacramental perpétuelle qui protège et soutient cet enseignement.
Les évêques Kazakh écrivent : « les relations sexuelles entre des personnes qui ne sont pas liées entre elles par un mariage valide – ce qui arrive dans le cas des soi-disant
Ils continuent : « Aucune circonstance ou finalité, ni même une possible imputabilité ou une faute diminuée, ne peut faire que de telles relations sexuelles soient une réalité morale positive et plaisant à Dieu. La même chose s’applique aux autres préceptes négatifs des Dix Commandements de Dieu. Parce qu’il < il existe des actes qui sont per se et en eux-mêmes, indépendamment des circonstances, toujours sérieusement mauvais en raison de leur objet>. (Jean Paul II; Exhortation apostolique ; Réconciliatio et Paenitentia, 17) »
C’est un point-clé qui est souvent passé sous silence dans le débat. L’adultère ne peut jamais être « une réalité morale positive et plaisant à Dieu. » Donc, l’Eglise ne doit jamais encourager les gens à entreprendre des actes qui sont toujours, en eux-mêmes, une offense à Dieu. C’est une erreur pastorale de dire qu’une personne commettant de tels actes mauvais puissent avoir la responsabilité de juger qu’elle n’est pas coupable de faire une offense sérieuse à Dieu en raison de soi-disant circonstances qui diminuent sa culpabilité pour ses péchés.
Comment peut-il être si certain de son innocence pour son péché mortel persistant qu’il estime que Dieu ne lui en voudra pas, mais que plutôt Il désire qu’il reçoive la Sainte Communion sans se repentir de son péché? Et pourquoi un prêtre conseillerait-il à quelqu’un qu’il pourrait continuer à commettre le péché d’adultère aussi longtemps que cette personne estime qu’il ne sera pas tenu coupable par Dieu pour ce péché?
Le rôle du prêtre est de dire aux personnes de ne pas pécher, et non pas de leur dire de trouver de raisons pour lesquelles leur péché n’est pas coupable pour eux. C’est un acte d’arrogance spirituelle à l’égard de Dieu pour le prêtre qui conseille, ou pour la personne « remariée » civilement, de prétendre que, pour quelque raison alléguée, il n’est pas obligé d’obéir au sixième commandement maintenant et dans le futur, et qu’il peut dignement recevoir la Sainte Communion. Nous sommes appelés par le Christ à conformer nos vies à la loi de Dieu, ce qui inclus la reconnaissance par notre esprit de la justice et de la sainteté de cette loi.
Les évêques Kazakh continuent:
L’Eglise n’a pas le charisme infaillible de juger l’état de grâce interne d’un fidèle (voir le conseil de Trente, session 24, chapitre 1). Par conséquent le fait de ne pas admettre à la Sainte Communion les soi-disants « divorcés et remariés » n’est donc pas un jugement sur leur état de grâce, mais un jugement sur le caractère visible, public, et objectif de leur situation. En raison de la nature visible du sacrement, et de l’Eglise elle-même, la réception des sacrements dépend nécessairement de la situation visible et objective équivalente du fidèle.
L’interdiction canonique de l’administration de la Saint Eucharistie à ceux qui « persistent dans de graves péchés évidents » (canon 915) est basée sur l’action externe (dans ce cas contacter un mariage civil et la cohabitation durable en tant que mari et épouse). Ceci ne peut être mis de côté par aucune affirmation qu’une personne se considère n’être pas coupable d’un « péché grave manifeste ». Cette interdiction canonique renforce l’enseignement moral que l’Eglise a toujours donné, pour de tels cas: c’est périlleux pour son âme de violer loi de Dieu, et c’est une folie dangereuse de chercher des raisons pour lesquelles cette loi n’oblige pas à l’obéissance. Chercher des excuses pour continuer à pécher n’est pas la manière d’accomplir la volonté de Dieu dans sa vie.
Au cours d’un entretien avec le National Catholic Register, l’évêque Athanasius Schneider a résumé le sujet : » l’Eglise, pendant 2000 ans, a toujours et partout interdit, sans ambiguïté, aux fidèles de recevoir la Sainte Communion alors qu’ils vivaient more uxorio avec une personne qui n’était pas leur conjoint légitime, et qui, en même temps formalisait publiquement une telle union non matrimoniale, et n’avait aucune intention d’arrêter de telles relations sexuelles. Puisque la pratique universelle de l’Eglise concernait un point essentiel des sacrements, elle doit être considérée comme irréformable.
Dans un autre entretien sur le site Rorare Coeli, il a défendu le bien-fondé des évêques Kazakh à présenter ces objections au pape François, dans un esprit de charité chrétienne. Son argument s’applique à tous les fidèles qui se tournent vers le pape François avec leurs soucis à propos de Amoris Laetitia et de ses développements ultérieurs.
Lorsque des évèques rappellent respectueusement au pape la vérité immuable et la discipline de l’Eglise, ils ne portent pas de jugement sur la tête de l’Eglise, au contraire, ils se conduisent en tant que collègues et frères du pape. L’attitude des évêques envers le pape doit être collégial , fraternel, et non pas servile, et toujours respectueuse de manière surnaturelle, ainsi que le souligna (sic) le second concile Vatican II (particulièrement dans les documents Lumen Gentium et Christus Dominus). On doit continuer à professer la foi immuable et prier encore plus pour le pape, et, ensuite, seul Dieu peut intervenir, et sans aucune doute il le fera.
Ainsi, la fidélité et la prière sont nos seul espoirs dans ces moments troubles de la vie de l’Eglise.
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https://www.thecatholicthing.org/2018/01/27/a-second-look-at-the-kazakh-bishops-profession/
Photos : de gauche à droite, Peta, Lenga et Schneider.
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Le Rev. Gerald E. Murray, J.C.D. est le curé de La Holy Family Church, New York, NY, et avocat canoniste.