Les regards des analystes politiques vont, en ce moment, vers la situation italienne, avec la formation d’un gouvernement dit populiste de facture inédite. La Ligue et le Mouvement cinq étoiles parviendront-ils à mettre en pratique un programme qui va à l’encontre des directives européennes sur l’équilibre budgétaire et l’assainissement des finances publiques ? Pour l’Italie, l’affaire est particulièrement épineuse à cause d’une dette publique bien plus importante que la nôtre. Autre point sensible : l’immigration qui atteint la péninsule directement en raison de sa situation géographique. Et là encore, le nouveau gouvernement risque de se trouver en opposition frontale avec Bruxelles.
Allons-nous vers un bras de fer ? Certains pensent que les contraintes s’imposeront et qu’il sera impossible à la coalition de réaliser son programme. N’est-ce pas ce qui s’est produit en Grèce, où c’est un populisme de gauche qui s’était imposé électoralement mais qui avait dû rapidement composer avec l’Union européenne ? On verra bien. Quoi qu’il en soit, force est de constater que depuis quelques années, c’est l’Occident tout entier qui se trouve politiquement bousculé. C’est une nouvelle géographie politique qui s’impose, des États-Unis à l’Europe centrale, avec des conséquences qui peuvent désorienter les esprits. Mais on ne peut échapper au constat de ce nouveau clivage dont parle Jérôme Fourquet dans une enquête précise et sans appel1. La mondialisation des échanges et la hausse des flux migratoires ont donné naissance à des courants populistes qui ne sont pas près de disparaître.
On peut porter divers jugements moraux devant pareils phénomènes. On peut les trouver désastreux. Mais nier leur réalité durable et les causes profondes qui ont suscité leur développement est contre-productif. Cela concerne d’ailleurs aussi l’Église qui se trouve souvent déstabilisée face à l’opinion, à l’égal des élites médiatiques et politiques. Ainsi que l’exprime Dominique Reynié dans Le Figaro : « Les votes populistes ne sont pas des coup de force mais des colères froides (…). C’est précisément le refus obstiné d’entendre cette colère qui fait le carburant des populismes. » L’avertissement italien concerne l’Europe entière !