4 novembre, jour d’élections [aux USA]. Question essentielle à laquelle répondront ces élections: le parti du Président, le Parti Démocrate, gardera-t-il le contrôle du Sénat des États-Unis ? À présent, le Parti Républicain a la majorité à la Chambre des Députés. Si le Sénat s’aligne sur la Chambre des Députés, ce sera non seulement la fin de la présidence absolue de M. Obama, ce sera l’isolement politique total d’un président impopulaire.
Il y aura aussi, bien sûr, ce 4 novembre, d’autres compétitions que pour le Sénat: renouvellement partiel de la Chambre des Députés, élection de gouverneurs et de ministres de la Justice des États, de législateurs des États, et autres scrutins locaux. À propos de ces élections locales on peut discuter entre amis ou en famille et entendre (ou même dire) « je vote pour un homme, pas pour son parti.»
Bonne et noble attitude, laissant entendre que cette personne a une telle indépendance d’esprit qu’elle ne sera pas ligotée par une question aussi élémentaire que la loyauté envers son parti. Mais tout comme l’aspect romantique de l’homme apatride, une telle notion cèdera inévitablement devant les réalités. Après tout de même que l’expatrié doit bien vivre quelque part sur terre sous le régime local, de même le législateur doit bien exister quelque part, avec l’espoir que le « quelque part » sera meilleur demain.
Mais « meilleur » dépendra pour lui de ce qu’il considère comme « bon, vrai, beau ». S’il appartient à ce que nous appelons la « Catégorie 1 », il envisagera une société idéale soumise à un système administratif, un régime tranquillement dirigé par des experts qui nous expliquent que les règlements qu’ils élaborent amèneront les niveaux de satisfaction les plus élevés pour la majorité des citoyens. Pour la « Catégorie 1 » les droits qui nous sont accordés par l’État sont ajustables au gré des experts selon leur sentiment de « justice ».
Un autre type d’élu (disons de la « Catégorie 2 ») tient pour une forme totalement différente de la nature et du rôle de l’État. Cette personne peut penser que la République constitutionnelle telle que fondée lors de la création des Éttats-Unis — un gouvernement aux pouvoirs séparés et qui n’a pas établi les droits inaliébables que ses serviteurs s’engagent sous serment à protéger — a une approche bien plus réaliste de la nature humaine et du bien commun que les promoteurs d’un État moderne administratif. Imaginons les deux plate-formes des principaux partis politiques — A et B — correspondant grosso-modo aux vues respectives des « Catégories 1 et 2 ». Il y a pourtant des candidats des partis A et B qui déclarent ne pas adhérer pleinement à la plate-forme de leur parti. Au cours de leur campagne, ils disent aux électeurs: « Je sais bien que vous n’approuvez pas le point de vue de mon parti sur la question « X », mais je suis en désaccord avec mon parti sur ce point. Si vous votez pour moi, je serai votre représentant, et non celui de mon parti.» Le nombre de gens qui succombent à ce genre de baratin est effarant.
Imaginons un tel candidat au Sénat des États-Unis face à l’intangibilité de la vie humaine. Le candidat déclare qu’il considère la mise à mort intentionnelle d’un être humain à naître comme un homicide injustifié, alors que son parti affirme dans sa plate-forme que le « droit de choisir » nie implicitement l’appartenance à la communauté humaine de ces êtres à l’état prénatal.
Supposons qu’un électeur de la « Catégorie 2 » réprouve la plate-forme du parti mais approuve la position « pro-vie » du candidat. Cet électeur devrait-il voter pour ce candidat? Dans la mesure où une majorité confortable de Sénateurs est fermement « pro-vie », la réponse est nettement NON, même si le concurrent du candidat est partisan du « droit de choisir ».
Voici pourquoi : quel que soit le parti qui l’emporte, non seulement le Sénat pourra désigner son Chef de la Majorité, mais aussi les présidences de commissions qui à leur tour pourront définir le genre de lois à débattre [NDT: rien de commun avec le mécanisme législatif français !]. Comme le Sénat peut émettre son avis et donner son consentement à la nomination par le Président [des USA] des Juges à la Cour Fédérale, la composition du Sénat donnera pour des décennies la tendance de la juridiction suprême. Alors, peu importe l’opinion émise par un ou deux candidats au Sénat lors de leur campagne.
Ceux qui proclament le slogan « votez pour l’homme, pas pour le parti!,» bien que le lançant comme un appel sincère à s’élever au-dessus de la politique partisane, ne saisissent pas vraiment que les partis sont un élément de la nature profonde de nos institutions politiques. Gémir sur le régime des partis, c’est gémir sur les conséquences de notre état de peuple libre. Alors, si vous n’aimez pas le système des partis, allez donc à Cuba.
24 octobre 2014.
Photo : Cuba : pour ceux qui n’aiment pas les partis.
Source : “Vote the Man, Not the Party” is Bad Advice
Pour aller plus loin :
- A propos des élections présidentielles américaines
- L’évangile de la vie, et les élections américaines de novembre
- « Manif pour tous » : La répression policière dénoncée au Conseil des Droits de l’Homme des Nations-Unies
- Répression contre les défenseurs de la famille : le président du groupe Parti populaire européen saisit le Conseil de l’Europe
- Affaire S H contre Autriche: une victoire majeure pour la famille et la souveraineté des Etats devant la Cour européenne des droits de l’homme.