Du discours de Manuel Valls devant l’Assemblée nationale hier, chacun retient, sinon ce qui lui convient, du moins la part qui correspond le mieux, ou non, à ses choix politiques. De ce point de vue, les choses sont souvent pliées d’avance : satisfaction de la majorité, critiques acerbes de l’opposition.
Pourtant cette fois-ci, l’exercice était un peu particulier. Il ne s’agissait pas d’une déclaration au lendemain d’une présidentielle ou de législatives gagnées, mais d’une déclaration de politique générale au lendemain du terrible coup de semonce des municipales. Le nouveau Premier ministre aurait-il l’énergie ou seulement la possibilité de rebondir, faute de pouvoir écrire complètement une nouvelle page blanche ? « Trop de souffrance, pas assez d’espérance. » La formule était plutôt bien frappée. Elle rendait compte de la situation et, en un certain sens, elle renvoyait à un bilan plutôt sévère des deux années écoulées, en dépit de l’hommage rendu au prédécesseur.
Malek Boutih, qui avait été très rude à l’égard de Jean-Marc Ayrault, était hier toute louange pour Manuel Valls, auquel il reconnaissait une volonté politique, supérieure à toute platitude réaliste. On en discutera à l’infini. Les mesures annoncées suffisent-elles à définir une stratégie apte à relever le défi économique ? On verra jusqu’où le volontarisme annoncé sera en mesure de remobiliser les forces vives du pays.
Sur un point particulier, j’ai très bien entendu le Premier ministre. S’il s’est félicité de l’adoption du mariage dit « pour tous », il s’est aussitôt prononcé en faveur de ce qu’il a appelé l’apaisement, sous-entendant qu’il n’était pas désireux de se laisser emprisonner par une querelle du type théorie du genre.
On peut reconnaître là une certaine bonne volonté, qui sera vraiment avérée lorsqu’on aura la certitude que les propositions du rapport calamiteux, que vient de rendre Irène Théry, seront purement et simplement abandonnées. Manuel Valls a aussi tendu la main au-delà de son périmètre idéologique. Le pays ne peut, dans les circonstances actuelles, se permettre le luxe de nouveaux déchirements.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 9 avril 2014.