Il y a quinze jours, nous faisions part de notre inquiétude par rapport à un glissement possible d’une démarche synodale à une manipulation idéologique qui pourrait compromettre l’entreprise. Force nous est de préciser aujourd’hui la nature de cette inquiétude en recourant à la notion de « gauchisme culturel » que le sociologue Jean-Pierre Le Goff a maintes fois mise en lumière. Il s’agit du fruit le plus vénéneux de l’esprit soixante-huitard, dans la mesure où il s’attaque aux fondements mêmes de la société. Jacques Julliard, dans sa dernière chronique toujours remarquée du Figaro, a repris à son compte cette notion, en montrant comment elle était portée par un ensemble de lobbies qui, bien que minoritaires, exercent une influence délétère sur tout le champ politique.
« Ces lobbies sont bien connus, car très bruyants. On en dénombre au moins quatre : les minorités sexuelles LGBT, les féministes, les islamo-gauchistes, les écolos doctrinaires. (…) Toutes ces catégories dirigeantes sont sans exception à gauche de leur public et entretiennent autour d’elles-mêmes une sorte de halo lumineux artificiel qui les fait paraître numériquement beaucoup plus importantes qu’elles ne le sont en réalité. » Cette analyse pourrait être aisément transposée dans le champ ecclésial, car il est patent que des groupes d’influence y manœuvrent, forts d’inspirations analogues à celles de ces lobbies politiques.
Ainsi l’influence LGBT est manifeste dans le synode actuel de l’Église d’Allemagne, menacée par le schisme. Elle est présente dans le catholicisme français, ne serait-ce que sous la forme d’un livre manifeste, promu dans la presse catholique, où l’on voudrait faire honte aux manifestants de La Manif pour tous de leur engagement en faveur de la famille. Quant au féminisme idéologique, il s’affirme dans des tentatives de subversion de la structure ecclésiale, au rebours d’une conception de la femme mise en valeur par une Édith Stein. Curieuse promotion de la femme que celle d’un courant extrémiste qui s’acharne à en détruire l’originalité !
L’Église mise en garde
En ce qui concerne l’islamo-gauchisme, il a aussi sa traduction en milieu ecclésial à travers un dialogue inter-religieux qui ignore les différences spécifiques des traditions religieuses. La dénomination de religion n’est nullement univoque, et l’on ne saurait traiter l’islam équivalemment à une confession chrétienne dans le cadre de l’œcuménisme. Les meilleurs spécialistes, tel un Pierre Vermeren, mettent en garde l’Église catholique contre une certaine naïveté coopératrice dénoncée par nos services de renseignement nationaux. De cette naïveté, les avertissements des chrétiens d’Orient devraient nous instruire. Quant aux écolos doctrinaires, ils pourraient aussi s’inscrire dans notre champ, dès lors que certains chrétiens sont tentés par les sirènes les plus radicales de l’écologie. Il y aurait pourtant mieux à faire en reprenant le riche enseignement d’un Jacques Ellul sur la sauvegarde de la Création.
Hélas, le gauchisme culturel dans l’Église n’est pas un mythe et il convient de se garder de ses sortilèges !