Saint Joseph, un gardien de l’Église par temps d’épreuves - France Catholique
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Saint Joseph, un gardien de l’Église par temps d’épreuves

Les Souverains pontifes ont honoré saint Joseph tout au long des siècles, jusqu’à faire de lui le patron de l’Église universelle, comme l’explique Mgr Dominique Le Tourneau, auteur de Tout savoir sur saint Joseph (Artège).
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Église du Sacré-Cœur à Rome, construite par saint Jean Bosco.

Église du Sacré-Cœur à Rome, construite par saint Jean Bosco.

© Fr. Lawrence Lew OP

Depuis cinq siècles et demi, les papes n’ont eu de cesse d’honorer saint Joseph, au point que le bienheureux Pie IX le proclame « patron de l’Église universelle » en 1870, par le décret Quemadmodum Deus, alors que l’Église traverse une série d’épreuves. « Dans les temps si tristes que nous traversons, peut-on y lire, quand l’Église elle-même, poursuivie de tous côtés par ses ennemis, est accablée de si grandes calamités que les impies se persuadent déjà qu’il est enfin venu le temps où les portes de l’enfer prévaudront contre elle, les vénérables Pasteurs de l’Univers catholique, en leur nom et au nom des fidèles confiés à leur sollicitude, ont humblement prié le Souverain Pontife qu’il daignât déclarer saint Joseph Patron de l’Église universelle. » À la suite de Pie IX, les papes continueront à exalter le modèle de saint Joseph, notamment Léon XIII (1878-1903) et saint Jean-Paul II (1978-2005).

Enraciner la dévotion

Dans l’encyclique Quamquam pluries, du 15 août 1889, Léon XIII expose toute la doctrine sur saint Joseph, depuis les fondements de sa dignité jusqu’à la raison singulière pour laquelle il mérite d’être proclamé patron de toute l’Église, modèle et avocat de toutes les familles chrétiennes. Il commence par rappeler que, dans toutes les périodes de grandes difficultés, l’Église implore Dieu et Marie, avec ferveur et persévérance.

Mais le Saint-Père avait surtout pour dessein d’inciter le peuple chrétien « à invoquer, avec une grande piété et une grande confiance, en même temps que la Vierge, Mère de Dieu, son très chaste Époux, le bienheureux Joseph ; ce que nous estimons de science certaine être, pour la Vierge elle-même, désiré et agréable ».

Cette dévotion, déjà répandue dans le peuple de Dieu grâce à l’action de nombreux pontifes romains, doit « s’enraciner davantage dans les mœurs et les institutions catholiques ». En voici les principales raisons : « Saint Joseph fut l’Époux de Marie et il fut le père de Jésus-Christ. De là ont découlé sa dignité, sa ferveur, sa sainteté et sa gloire… (…) En donnant Joseph pour époux à la Vierge, Dieu lui donna non seulement un compagnon de sa vie, un témoin de sa virginité, un gardien de son honneur, mais encore, en vertu même du pacte conjugal, un participant de sa sublime dignité… » Ainsi, Joseph a été, de par la volonté divine, le gardien du Fils de Dieu, regardé par les hommes comme son père. « Le Verbe de Dieu lui était humblement soumis, Il lui obéissait et lui rendait tous les devoirs que les enfants sont obligés de rendre à leurs parents. » Il est donc naturel que celui qui fut gardien du Fils de Dieu soit aussi le saint patron de l’Église fondée par le Christ.

Vertu principale : l’obéissance

Quant à Jean-Paul II, il a prononcé de nombreux discours le 19 mars, fête de saint Joseph, dans lesquels, entre autres, il exalte la dignité du travail et sa valeur rédemptrice, explique que la sainteté de saint Joseph réside d’abord dans sa foi, héroïque, à toute épreuve, et établit un parallèle entre la paternité humaine et la paternité divine.

Le pape polonais publie également, le 15 août 1989, l’exhortation apostolique Redemptoris custos pour marquer le centenaire de la publication de Quamquam pluries. Joseph, y affirme-t-il, a pour vocation de veiller sur le Rédempteur et sur sa mère. Sa vertu principale est l’obéissance. Pour Jean-Paul II, Joseph se comporte à la fois comme le dépositaire du mystère de Dieu, et comme le père de Jésus aux yeux des hommes. Dépositaire du mystère de Dieu avec Marie, Joseph participe à la phase culminante de la révélation que Dieu fait de lui-même dans le Christ… « C’est pour assurer une présence paternelle auprès de Jésus que Dieu choisit Joseph comme époux de Marie. »

La paternité de Joseph, qui fait de lui le protecteur de l’Église universelle, passe aussi, et d’abord, par le mariage avec Marie, c’est-à-dire, par la famille. Appelé par Dieu, saint Joseph, en exerçant sa paternité et son autorité légale sur la Sainte Famille, a coopéré « dans la plénitude du temps au grand mystère de la Rédemption… il a fait de sa vie un service, un sacrifice au mystère de l’Incarnation et à la mission rédemptrice qui lui était liée… ».

Image de l’Église

La protection que Joseph exerce à l’égard de l’Église prend aussi sa source dans l’amour sponsal et virginal qui le lie à la Sainte Vierge. Ces deux amours représentent ensemble « le mystère de l’Église, vierge et épouse, dont le mariage de Marie et de Joseph est le symbole… Joseph, sur l’ordre exprès de l’Ange, garde Marie chez lui et respecte son appartenance exclusive à Dieu ».

Le pape en arrive à la vie intérieure de saint Joseph. « Le climat de silence qui accompagne tout ce qui se réfère à la figure de Joseph s’étend aussi à son travail de charpentier. Toutefois, c’est un silence qui révèle d’une manière spéciale son profil intérieur. » Joseph vivait dans un climat de profonde contemplation. Joseph fit le sacrifice absolu de sa vie aux exigences de la venue du Messie dans sa maison. Et c’est dans son « insondable vie intérieure » qu’il a trouvé la force d’accepter « la condition, la responsabilité et le poids de la famille… Cette soumission à Dieu qui est promptitude de la volonté à se consacrer à tout ce qui concerne son service, n’est autre que l’exercice de la dévotion qui constitue une des expressions de la vertu de religion ».

Saint Joseph est le Patron de l’Église de notre temps. Ce patronage est toujours nécessaire à l’Église… Elle l’invoque pour « raviver les vertus évangéliques véritables, telles qu’elles ont resplendi en lui », et le prie pour qu’il nous fasse vivre dans la justice et la sainteté.