Quand Il a donné les clefs à Simon Pierre, Jésus a promis que les portes de l’enfer ne prévaudraient pas contre l’Eglise. Et nous ne devrions jamais perdre de vue cela ! Pourtant beaucoup l’ont perdu de vue, et les doutes sur l’avenir empoisonnent croyants et incroyants de la même manière. Nous comprenons tous pourquoi. Et comme nous le comprenons, je ne vais pas perdre de temps à constituer une nouvelle liste des crises qui ont affaibli le Catholicisme pendant le dernier demi-siècle.
Mais ce déclin est-il aussi important qu’il y paraît ? Eh bien, ce n’est pas vraiment la bonne question, d’autant plus que la réponse est probablement : oui le déclin est important. Une meilleure question est : ce déclin peut-il être stoppé et la courbe inversée ?
Bien sûr il peut l’être, il est amplement prouvé que ce retournement est bien en cours, et la preuve en est présentée avec autorité par Anne Hendershott et Christopher White (contributeurs à The Catholic Thing) dans leur dernier livre : « Renouveau : comment une génération de prêtres fidèles et d’évêques revitalise l’Eglise Catholique ». Une clé du récit réside dans la génération de jeunes hommes qui reçoivent actuellement le sacerdoce. Sont-ils différents de la génération qui a causé tant de scandales sexuels et conduit à « l’herméneutique de la rupture » ? Les auteurs de « Renouveau » pensent qu’ils le sont, bien que cela reste à confirmer.
Ils s’appuient sur un sondage sur des questions sensibles qui compare les réponses des prêtres ayant atteint la soixantaine à celles des prêtres nouvellement ordonnés de 35 ans et moins, ce qui semble être une comparaison audacieuse et à prendre avec précaution, d’autant qu’un des premiers actes du pontificat de Benoît XVI a été l’émission de nouveaux critères de « discernement à propos des vocations de personnes présentant des tendances homosexuelles en vue de leur admission au séminaire et aux ordre sacrés ». A partir de 2006 ce discernement a commencé à s’exercer sur certains qui auraient pu entre en sacerdoce avec des attitudes peu orthodoxes. Ce que des séminaristes gays ou libéraux ont fait dans la génération précédente. Mais ce que nous pouvons pas savoir maintenant, c’est comment les prêtres d’aujourd’hui verront leur prêtrise dans 30 ans. Pourtant, si les graines tombent sur un sol fertile…
Les auteurs proposent une thèse : que les ordinations à la prêtrise sont plus nombreuses maintenant là où il y a des évêques orthodoxes et évangélisateurs, et qu’elle décroissent là où les évêques ont adopté « l’esprit progressiste de Vatican II ». C’est un principe qu’ils ont repris de Elden Curtiss, archevêque à la retraite de Lincoln Omaha, Nebraska, qui est convaincu que la religion se renforce là où elle impose « des efforts significatifs en terme de sacrifice et même de stigmatisation » à ses membres.
A notre époque, la stigmatisation est imposée aux croyants par les modernistes (ou Modernistes si vous voulez), bien que, comme le libéralisme et le conservatisme, le modernisme n’est pas facile à définir (voir à ce sujet Pascendi Dominici Gregis). Les avocats modernistes du « mariage » de personnes de même sexe, de l’ordination des femmes, des prêtres mariés, de la contraception, et même de l’avortement ont récemment remporté beaucoup de batailles, établissant avec succès le péché et la perversion comme des normes.
Pendant un demi-siècle cela a entraîné une pression à l’intérieur de l’Eglise pour qu’elle s’adapte à ce qu’on pourrait appeler la Nouvelle Tolérance, qui ne peut être acceptée qu’en rejetant le Magistère. Thèse, antithèse, synthèse peuvent être l’honorable dialectique du modernisme, mais pour des catholiques traditionnels, pour l’Eglise elle-même, c’est une pente glissante vers la fosse des âmes perdues.
Hendershott et White font objectivement état des nouvelles tendances dans l’Eglise qui peuvent, au bout du compte, avoir pour effet de modifier l’angle de la pente ci-dessus, et pas simplement pour stopper ses effets, mais paradoxalement en redressant la trajectoire vers le haut ; ce qui est d’autant plus offensant dans un monde qui se précipite vers l’Enfer. Les auteurs sont objectifs, mais ils sont aussi partisans du renouveau espéré.
Ce renouveau nécessitera la création de nouveaux séminaires, la restauration des vieux séminaires, l’harmonisation des programmes avec le Magistère, et la prise de meilleures décisions à propos des candidats au sacerdoce. Cette approche « doctrinaire », comme les progressistes l’appelleront, attirera probablement plus qu’une approche fantaisiste par l’herméneutique de la rupture.
Nous aurons également besoin d’évêques exceptionnels pour diriger l’Eglise Américaine au long de ce parcours plus authentique vers le salut. Hendershott et White citent des noms. Mais, bien sûr, la nomination des évêques est maintenant largement dans les mains du pape François et personne n’est en position de faire des prédictions à ce sujet.
Un des chapitres de « Renouveau » s’intitule « pas de charisme sans croyance ». Cela parle de soi-même, et le chapitre suivant appelle à la prudence accrue sur le « brouillage des lignes » entre les laics et le clergé, ce qui parlera instantanément à ceux qui vivent dans une paroisse où prolifèrent les « ministères » (ce qui n’est pas mon cas). Il y a d’autres stratégies proposées par les auteurs, aussi pertinentes les unes que les autres, et certaines d’entre elles sont déjà bien déployées, comme la contre insurrection catholique sur les campus universitaires.
En fin de compte, et cela tombe à point en cette fin d’année de la foi, nous sommes de nouveau en face de la mission essentielle de l’église : l’évangélisation. « Renouveau » détaille quelques signes d’espérance, principalement en témoignant du Christ agissant dans les nouveaux médias.
Et tout ceci est bel et bon, pour autant que ce qui est proclamé, depuis la chaire ou sur Internet, est le véritable Évangile et la vraie foi. Si la nouvelle évangélisation prêche le magistère, c’est parfait. Mais si ce que les nouveaux média prêchent est un I-magisterium, et si les séminaristes passent trop de temps sur le net et (pour reprendre une de mes formules préférées) si les évêques n’imposent pas une sérieuse discipline aux contestataires publics, alors l’Eglise devra revenir à l’antiquité : retourner dans de nouvelles catacombes.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/hope-for-change.html