Au terme du voyage de François en Hongrie et en Slovaquie, il y a sûrement beaucoup à retenir. La richesse des rencontres et des divers enseignements ne saurait être concentrée en quelques formules. Il convient plutôt de lire les documents dans leur intégralité et de les méditer. François a la réputation d’être particulièrement direct, sinon provocateur dans ses propos, ce qui donne lieu à des polémiques dans une période fertile en tensions idéologiques. Cependant, pourquoi ne pas prendre François à la lettre, lorsqu’il nous invite à la liberté intérieure ? S’il refuse « une Église où il faut penser tous de la même manière et obéir aveuglément », c’est qu’il estime sans doute qu’on est libre de répondre à ses provocations, mais dans un esprit de foi et dans une véritable fidélité à l’Église : « Que l’annonce de l’Évangile soit libératrice, jamais écrasante, et que l’Église soit signe de liberté et d’accueil ! »
Je serais tenté de poser une question au pape, fort de la liberté qu’il m’accorde. Lorsqu’il se rapporte à « une riche tradition chrétienne », mais qui « pour la vie de nombreuses personnes aujourd’hui, reste le souvenir d’un passé qui ne parle plus et n’oriente plus le choix de l’existence », je serais tenté d’invoquer un contre exemple. Il se trouve, aujourd’hui, que nombre de personnes, qui n’ont pas la foi, se réclament de ce passé chrétien comme d’une tradition nécessaire, d’une philosophie dont il y a beaucoup à retenir. Que répondre à cela ? Sans doute un christianisme sans la foi constitue-t-il une sorte de scandale spirituel, mais ne peut-il pas constituer une sorte de pierre d’attente, une occasion peut-être providentielle de rebondir pour se poser les questions essentielles ?
La religion de l’Incarnation a toujours été civilisatrice, et le témoignage d’une civilisation inspirée par la foi ne renvoie-t-il pas à la pure question de la foi qui l’a suscitée ?
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 septembre 2021.