Un carême bien long - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Un carême bien long

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Le carême est fini, mais pas pour moi.

J’ai un cancer. Au commencement, nous craignions que ce ne soit un cancer du poumon au stade quatre, bien que je ne fume pas. C’est parce qu’on avait trouvé des métastases sur le côté gauche de mon cou et, simultanément, une ombre apparaissait sur mon poumon droit. Quand le cancer traverse le milieu du corps, c’est mauvais signe.

Mais il se trouve que le poumon n’était pas atteint du cancer. Et à propos du cancer « cutané et sous-cutané » de mon cou, plusieurs docteurs ont dit : « Vous pouvez vivre longtemps avec ça ! » – assumant que les métastases étaient ou bien des cellules basales traitables ou des carcinomes épidermoïdes.

Mais après l’opération du cou en janvier, le cancer a été classé « agressif » et cela a mené à des entrevues avec des docteurs dans des centres importants de cancérologie à New York, au choix de l’un d’entre eux, et au début des traitements : chimio et radiothérapie tous les lundis suivis par la radiothérapie du mardi au vendredi – pendant six semaines (la 3e semaine commence aujourd’hui).

Je suis libre pendant le week-end.

La première dose de chimio de deux heures (ou mise en place) a été dure : comme une grippe vraiment mauvaise pendant deux jours. Les séances de radiothérapie, qui ont commencé la semaine suivante, sont « mauvaises » seulement parce que ma tête, mon cou, et mes épaules doivent être enserrées sous un masque en filet de plastique, ce qui est difficile pour un claustrophobe comme moi. Les « bras » de l’appareil à rayons se meuvent en cercles (ou en demi-cercles) autour de la zone, ne s’arrêtant que de temps en temps directement au-dessus de mon visage. Les séances durent seulement dix ou quinze minutes.

La chimio ne prend maintenant qu’une heure, et n’est pas du tout douloureuse – à part l’IV (intraveineuse) qui entre et sort.

Il y a des effets secondaires. La peau de mon visage est comme du parchemin, et j’ai des cloques semblables à de l’acné sur la figure, le dos et la poitrine, pires que tout ce dont j’ai souffert à l’adolescence, et l’effet à mon âge est plus désagréable sur le plan esthétique : j’ai l’air d’un vieil ivrogne. Une crème stéroïde appliquée trois fois par jour et des antibiotiques pris deux fois par jour aident modérément.

Mais tout cela, y compris les trajets pour aller suivre mon traitement et en revenir, m’a rendu plutôt moins énergique que d’habitude.

Ma femme et moi avons choisi une clinique pour le traitement du cancer à une courte distance de notre maison en voiture – un nouveau satellite, ultra moderne d’un des meilleurs hôpitaux d’Amérique pour le cancer. Le plan du traitement décrit par les docteurs que nous avons vus (y compris un radiooncologue et un oncologue médical que j’ai surnommé Chemo Sabe) est conçu pour causer le moins de dégâts possibles à mon corps.

Mais ne vous y trompez pas : pour tuer le cancer, il faut l’empoisonner, et il est en vous.

Alors que le traitement allait commencer, j’ai voulu me confesser. En général, je pouvais contrôler ma claustrophobie, mais – cela peut paraître étrange à ceux qui n’ont pas de phobies – une fois je l’ai ressentie (pendant un IRM) comme une attaque de complète panique : une sensation de peur en cascade qui enflamme l’hormone du bats-toi ou sauve-toi (l’adrénaline), de sorte que plus vous paniquez… plus vous paniquez.

Et le but de l’aide spirituelle de la confession est que, pour moi, la peur est toujours théologique. Un autre mot pour l’endroit où vous êtes pris au piège et dont vous ne pouvez vous échapper est l’enfer. Mais maintenant je suis prêt.

Comme Hamlet le dit à Horatio :


…Nous bravons le présage : il y a une providence spéciale pour la chute d’un moineau. Si mon heure est venue, elle n’est pas à venir ; si elle n’est pas à venir, elle est venue ; que ce soit à présent ou pour plus tard, soyons prêts. Voilà tout.

Ce n’est pas un simple fatalisme, mais Shakespeare quand il est très catholique, évoquant Mathieu 10 :28-29 :

Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut détruire l’âme et le corps dans la Géhenne. Ne vend-on pas deux moineaux pour une petite pièce d’argent ? Pourtant aucun d’entre eux ne tombe sur le sol sans que votre Père ne le sache.

Je suis prêt à mourir, pourtant je serai probablement guéri – cette fois-ci.
Quand j’ai quitté le confessionnal, le samedi avant le lundi du premier traitement chimio-radiothérapie quotidien double, je suis passé devant d’autres pénitents qui attendaient leur tour et spontanément, j’ai dit tout haut : « J’adore la confession ! » Ils ont tous ri – mais joyeusement.

Pendant la chimio, je lis des livres (en ce moment L’univers dans lequel nous pensons du Père Schall) ou j’écoute (David McCullough qui raconte son Les frères Wright), mais quand on me plaque sur la table pour être irradié, je ne peux que prier.

« C’est bien » a dit le prêtre pendant cette récente confession, « mais ne pensez pas qu’à vous. »

Je ne le fais pas.

Quand vous passez du temps dans un centre de traitement du cancer, vous voyez beaucoup de gens qui, d’une manière ou d’une autre, sont bien moins bien lotis que vous. L’autre jour, dans la belle salle de réception – pleine de lumière naturelle traversant de hautes fenêtres – une femme frêle assise en face de moi a été appelée au laboratoire par un technicien. Elle avait du mal à se mettre debout, alors ma femme et moi l’avons aidée à se lever. Quand elle est revenue après la prise de sang, elle s’est dirigée en chancelant vers la sortie, alors je lui ai demandé si je pouvais encore l’aider.

« Non, monsieur, a-t-elle dit. Je suis toute seule, alors j’ai l’habitude de me déplacer lentement. Rien ne me presse. J’y arriverai. Mais merci, merci. »

C’est une bénédiction que ma femme soit avec moi tout le long du chemin, et je prie pour elle et pour mes fils. Je prie pour de vieux amis, dont quelques-uns souffrent aussi (ou ont souffert) du cancer et d’autres maladies. Je prie pour les prêtres de ma paroisse et pour les lecteurs, les écrivains et les employés de ce site merveilleux. Et, par-dessus tout, je prie pour ceux qui souffrent seuls, car personne n’a besoin de nos prières plus qu’eux.

Les gens disent : « Vous vous battrez contre ceci, n’est-ce pas ? » Je dis : « Non. »

Si j’avais des sorciers au lieu de médecins, et si ces génies pouvaient conjurer et incarner le cancer pour qu’il puisse se tenir devant moi, les poings levés, alors je me battrais – si c’était le moyen de guérir. Mais je coopère simplement avec les protocoles. Et que la volonté de Dieu soit faite.

Le lundi 2 avril 2018

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Image : Jésus guérit le lépreux, artiste inconnu, mosaïque du 12e ou 13e siècle [Cathédrale de l’Assomption, Monreale, Sicile] L’inscription complète (seulement partiellement visible ici) se lit comme suit : JESUS SANAVIT LEPROSUM DICENTEM DOMINE SI VIS POTES ME MUNDARE, ie. « Jésus a guéri le lépreux qui disait : « Seigneur, si vous le voulez vous pouvez me guérir. »