Après l’attentat qui a fait une centaine de morts samedi à Ankara en frappant une manifestation pro-kurde, la situation politique en Turquie atteint un paroxysme de tension. Mis en minorité depuis les élections du 7 juin dernier, confronté à la guerre menée par Daech depuis des mois dans la Syrie voisine, le Parti du président Erdogan a été ouvertement accusé de complicité avec les assassins dimanche lors d’une nouvelle manifestation. Le régime islamo-conservateur de ce parti au pouvoir depuis 2002 semble jeter son masque de respectabilité et renouer avec des pratiques politiques troubles héritées des années 90, celles de « l’Etat profond », une collusion entre la police et la pègre. Il se trouve soutenu par des mafieux au discours menaçant : la veille de l’attentat, un « parrain » mafieux ultranationaliste qui affichait son soutien au régime d’Erdogan promettait publiquement un bain de sang… Désormais, c’est chose faite, au prix d’un immense malaise.