On va me reprocher de m’accrocher à un seul sujet, comme un monomaniaque, alors qu’il y a tant de choses importantes qui défilent aux infos, telles un procès à Lille, la situation singulière de la Grèce, ou encore l’élection du Doubs où le Front national est arrivé en tête. Mais sur tout ces sujets les commentateurs abondent et même surabondent et je renonce, au moins provisoirement à ajouter mon grain de sel, peut-être inutile. En revanche, la question religieuse, que j’ai évoquée à plusieurs reprises ne bénéficie pas de la même vigilance alors qu’elle inspire quelques chroniqueurs, des gens en mal de règlement de compte qui se lâchent pour asséner des coups, qui sont censés nous abattre, nous les croyants. Je n’ai pas, à l’instar de l’ami Rémi Brague, de goût particulier pour ce terme de croyant, qui peut s’appliquer à n’importe quoi, y compris les objets les plus bizarres, sans compter qu’il y a aussi des croyants du néant ou des croyants attachés, dur comme fer, aux idéologies les plus contestables.
Mais voilà, le mot est aussi appliqué aux chrétiens. Et nous voilà malmenés, par exemple, par M. Olivier Adam, dans Libération, qui professe que nous sommes les derniers des crétins. Des crétins en train de se réveiller, ce qui le met dans une fureur sans pareille. Il me faudrait citer sa philippique en entier, car c’est un chef-d’œuvre du genre. Un seul extrait, où il exprime son regret de l’époque bénie où nous nous cachions sous terre : « La laïcité était un principe intangible, et l’athéisme n’était pas une croyance parmi d’autres mais un idéal universel. On voulait bien admettre qu’il y avait encore quelques volontaires pour s’aveugler, on voulait bien apprendre à les tolérer, pourvu que ça reste dans le silence des églises, des synagogues et des mosquées. Que la religion demeure une occupation privée et vaguement honteuse. Un genre d’hygiène personnelle. Comme le yoga, en plus sectaire. Ou les arts martiaux, en moins physique. Oui, vraiment c’était une autre époque, une époque bénie. » Le délire de M. Olivier Adam a au moins ce mérite de nous rendre clair son projet laïque qui s’identifie à l’avènement d’un ordre athée, universel et obligatoire.
