Un an après - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Un an après

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© François Galland / Godong

Un an après le début du premier confinement, la liberté semble être redevenue une question névralgique dans notre société, tant nous avons accepté de la restreindre, y compris sur le plan religieux.

Et pas uniquement pour des raisons sanitaires… Comme l’ont dénoncé les responsables des cultes chrétiens dans une tribune adressée au gouvernement, il existe bel et bien le risque d’« une police de la pensée qui s’installe dans l’espace commun », à l’occasion de la loi dite de lutte contre le séparatisme islamiste. Menace également sur la liberté de penser, cette « culture de l’effacement », idéologie exaltant les droits des minorités (p. 12 à 18), et qui conduit au déboulonnage des statues, chrétiennes comprises. Avec comme point d’orgue de ces nouveaux iconoclastes, la guerre de tous contre tous, oubliant que pour établir la justice sociale, il faut au préalable qu’il y ait une société…

« Le goût dépravé de l’égalité »

Voilà où nous a menés la passion de l’égalité déjà décrite par Tocqueville, qui mettait en garde au XIXe contre le risque de dérive despotique : « Il se rencontre aussi dans le cœur humain un goût dépravé pour l’égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté. » Aurions-nous donc définitivement perdu le goût de la liberté ?

Il est alors urgent de se souvenir que le penseur de La Démocratie en Amérique voyait dans la religion un antidote à cette dérive de l’égalité et à la recherche d’un bien-être qui ne serait que matériel. Un antidote, et encore la seule force à même de refaire le lien social déconstruit.

Quelques décennies plus tard, ce diagnostic se voyait confirmé de manière fulgurante par Bernanos. Au lendemain de la Seconde Guerre, l’écrivain désignait dans La liberté pour quoi faire les défis rencontrés par le « monde d’après » : « La civilisation totalitaire, écrivait-il en pensant au règne des machines et de la technique, est une maladie de l’homme despiritualisé. » Songeait-il à la technique médicale ? Nul doute en tout cas que la présente crise sanitaire vient seulement d’ajouter un chapitre à cette description.

Pour Bernanos, le redressement de la pensée passait donc par une insurrection de nature religieuse, « une explosion des forces spirituelles dans le monde ». Et dans son esprit, l’Église était la dernière institution à défendre encore l’homme, sa liberté et son âme. Et ainsi capable de « respiritualiser l’homme », sans calquer son mode de pensée sur le monde moderne… Il suffit de lire la condamnation de l’esclavage par saint Grégoire de Nysse, dès le IVe siècle, pour le comprendre : « Celui qui est à la ressemblance de Dieu, (…), qui peut le vendre, dis-moi, qui peut l’acheter ? »

Cette mission en faveur de la liberté, Bernanos la confiait aussi à la France, cette « école du monde » selon le cardinal Pie, pays qui a toujours eu un goût particulier pour la liberté – pays des Francs, des « hommes libres ». Il suffira pour cela d’une brise légère, prophétisait-il enfin : « Les grandes orgues françaises n’attendent pour s’éveiller que le premier frôlement d’une main amie sur le clavier magique. Leur voix prodigieuse remplirait de nouveau la terre. »