Depuis le débarquement forcé de Jean-François Copé sur une terre d’exil politique pour cause de dépenses incontrôlées, la grande famille de l’UMP ressemble de plus en plus à une armée mexicaine en ordre – ou en désordre – de bataille interne, faute de stratégie externe et de projet politique bien définis… Comme dans les ruines du Parti socialiste post-soixante-huitard, à défaut de troupes consistantes et valides, au moins à l’UMP on ne manque pas de chefs, avec tous ces candidats autoproclamés à la présidence de ce parti dont la santé fait presque penser à celle de Jacques Chirac.
Entre François Fillon, soudain ambitieux en vue de l’échéance nationale de 2017 mais absolument fantomatique et même introuvable au moment des raz-de-marée également nationaux des « manifpourtous » défendant la famille et l’enfant, et l’avenir du pays, Alain Juppé, artisan du quinquennat et restaurateur de la IVème République, le notable centriste placide Jean-Pierre Raffarin, Bruno Le Maire le gendre idéal, Xavier Bertrand le gérant sérieux, et quelques autres seconds couteaux (NB Que ceux dont on aurait oublié les noms en cours de route par mégarde, comme l’improbable Luc Chatel souvent à contre-rôle, veuillent bien nous excuser…), en ce moment on ne manque pas de lieutenants pour se disputer la place du capitaine qui sauvera le navire de ce parti dont la cale est remplie d’eau saumâtre et dont le pont a déjà failli de justesse ressembler au « radeau de la Méduse ».
Emergeant de la fumée des derniers combats fratricides, on aperçoit soudain le visage hâve et tendu de Nicolas Sarkozy, pâle comme un revenant surgissant dans un château en Ecosse. De toute évidence, l’ancien président rêve de jouer le rôle de la Statue du Commandeur pour vitrifier en un éclair les prétendants à son ancien trône. Cet animal politique rusé et monté sur ressorts n’a-t-il pas de l’audace et de l’énergie à revendre ? Voire ! Plusieurs des frères ennemis qui rivalisent en ce moment ultime pourraient bien se réconcilier momentanément contre lui, pour lui régler son compte dans une haine commune, au fond de la cale sèche où est remisée l’UMP, cette unité mal partie…
