Découverte d’une information qui devrait normalement transpercer le cœur d’une flèche de feu : le quotidien belge De Morgen se fait le porte-parole de seize pédiatres belges qui réclament auprès de leurs sénateurs « la légalisation de l’euthanasie des mineurs… ils avouent d’ailleurs collectivement que certains d’entre eux sont déjà passés à l’acte, malgré l’interdit. » Je les cite encore : « En tant que soignants il nous arrive exceptionnellement de devoir aider des mineurs en situation de souffrances insupportables, même si aujourd’hui nous devons le faire en dehors du champ de la loi. »
Des médecins catholiques, qui du coup ont cessé d’être catholiques, se sont rangés à leur côté.
Bien entendu, ces actes criminels sont entourés de soins particuliers, de précautions, de mesures humanistes ! L’hypocrisie doit être voilée. Ils n’ont souci que du « bien » de ses pauvres enfants malades, ils ne disposent d’aucune autre solution pour leur venir en aide, ils ne peuvent plus « supporter » ce destin d’indignité que la vie leur réserve. Les mettre à mort est donc la condition du retour au « supportable ».
Ils demandent d’être « aidés » par la loi, par la société tout entière, non « pour leur propre confort » mais pour celui, naturellement, des mineurs visés. Ils imaginent chez ces jeunes une maturation muette mais réelle qui fait que s’ils le pouvaient ils réclameraient d’être mis à mort par ces gens de bien qui les entourent et ne veulent que satisfaire à leur pauvre désir d’infirmes. Que ce ne soit que ‘’suppositions » ne les effraient en rien.
Ah ! Que leur sort est dur, eux qui éprouvent la dureté de leur situation : ils « se plaignent de ne pas pouvoir parler ouvertement et en toute confiance de la ‘’fin de vie’’ avec ces mineurs qui le souhaitent ou avec les parents … d’accord avec la demande de mettre fin à la vie de leur enfant », alors qu’ils pourraient, dans la transparence des bienfaits qu’ils aspirent à distribuer, instruire les autorités compétentes de leurs « meilleures pratiques ». Vraiment, de braves gens et de belles âmes !
La société athée en est réduite à l’improvisation. Que des catholiques s’en mêlent prouvent simplement qu’existent des cathos imbéciles ayant oublié que « Dieu est Dieu » et que « ses pensées sont autres que les nôtres ». L’homme est créé par et pour Lui. Son existence n’a de sens qu’en Lui. Hors de Lui, il n’est rien, il ne peut rien, il ne décide de rien. Dieu est en chaque être le Veilleur premier et ultime. Nul ne peut interférer contre Lui, nul ne sachant quelle est sa volonté et son désir à propos de tel être, qu’il soit bien-portant ou non, qu’il soit en pleine possession de ses facultés intellectuelles ou non, qu’il présente l’aspect d’un légume, selon l’expression stupide et odieuse de certains praticiens.
Car aucun d’entre eux ne sait ce qui se passe au plus profond d’un être, même réduit à l’apparence la plus misérable. C’est pourquoi personne au monde ne peut revendiquer le droit de se préoccuper d’interrompre la vie d’un être humain.
Cette vie, même des plus réduite en apparence, a une direction : elle poursuit un but, nourrit un destin. Vouloir s’en mêler s’est commettre une intrusion indue. L’être poursuit, mais autrement, le dialogue initié lors de sa conception. Nul ne sait en effet quel dialogue impensable se noue entre le ‘’légume’’ et son Créateur.
La souffrance est le domaine de Dieu en chacun. Lui seul est habilité à la muer en or vierge et saint. L’amour qu’Il porte à ce pauvre d’entre les pauvres lui ouvre l’espace d’une réponse appropriée aux moyens intérieurs qui lui restent et dont personne n’a le droit d’en juger. Pas plus un pauvre pédiatre qu’un prêtre.
À la lumière de ces quelques et maladroites réflexions qu’inspire la foi, je m’autorise à dire que les déclarations de ces « savants ignorants » sont nulles et infondées : les droits de l’être y sont bafoués. « La sédation palliative, souvent citée comme solution alternative par ceux qui contestent la modification de la loi, n’est en rien une solution dans les cas exceptionnels que nous évoquons ici. Cette procédure, qui se situe en fait dans les zones d’ombre de la loi, permet surtout de rendre plus confortable la situation du médecin devant le fait de (ne pas) prendre une décision. En tant que médecins, nous ne recherchons pas le confort pour nous-mêmes, nous sommes à 100% pour le confort et la dignité de notre patient. » Surprenant !
Déjà récuser cette appropriation que suggère l’expression de « notre patient ». En rien il ne leur appartient. Leur mission s’arrête à l’indicible. Leur devoir était d’apporter des soins en vue de la guérison. Ils ne peuvent y parvenir ? Qu’ils laissent Dieu décider, même s’ils n’y croient pas. Qu’ils se contentent de ce qu’ils savent faire : atténuer ici les douleurs, qu’ils n’ont pas à baptiser souffrance. Cette dernière est d’un autre ordre, spirituel. La psychologie ne pénètre en ce mystère que superficiellement.
N’oublions jamais que la sédation palliative, quand elle vise à mettre à mort, est une euthanasie à part entière. La lenteur de son exécution ne modifie pas sa nature. Seul le but poursuivit définit ce qu’elle est.
Le culot des arguments avancés par ses médecins est phénoménal, quoique recouvert du linceul de la bonté mise à mal : « Notre demande repose sur une conviction fondamentale : chaque décision de fin de vie est un acte d’humanité, posé seulement en dernière instance. Au nom de quoi faudrait-il priver les mineurs de cette ultime possibilité ? »
Quand l’humanité n’est soutenue que par ces sortes de visions maladives, infirmes, on peut tout attendre d’elle : même que soient retrouvées, au détour de raisonnements tronqués, des solutions déjà parfaitement énoncées par les nazis, l’innocence des justifications en moins.
Dominique Daguet