Les deux personnages gagnants des élections présidentielles aux Etats-Unis sont Donald Trump, le vainqueur électoral direct, et Vladimir Poutine, l’habile stratège international qui prépare un nouveau Yalta, pour englober la totalité d’une Europe en déclin à laquelle l’Amérique devenue isolationniste n’accorde plus guère d’intérêt…
Trump a su exploiter la colère et le désarroi des classes moyennes américaines déstabilisées par les conséquences de la crise économique et morale provoquée notamment par les « élites » politiques de leur propre pays. Et, malgré ses failles personnelles, il a manifesté une volonté passablement « WASP » – White Anglo-Saxon Protestant – de redressement et de rupture avec la dérive idéologique du « politically correct » made in USA, en offrant un contraste au moins apparent avec le déclin des dernières décennies. A Washington, mais aussi dans l’ensemble de l’Occident, tout un « establishment » politico-médiatique trop méprisant et coupé du peuple – parfois jusqu’à la limite de l’autisme – s’en trouve à la fois discrédité et déchu…
Quant à Poutine, depuis le Kremlin, il a su attirer ces dernières années l’appareil militaire des Etats-Unis dans des confrontations directes ou indirectes qui ont inquiété ou indisposé tant l’opinion américaine que plusieurs secteurs de l’opinion internationale : ainsi, en faisant monter la pression ou en la laissant monter sur plusieurs théâtres d’opération, notamment en Ukraine et au Moyen-Orient, le dirigeant post-soviétique a su provoquer à nouveau un fort réflexe isolationniste chez les Américains, réflexe de repli dont Trump s’est fait le puissant vecteur, relayant ainsi la volonté de la Russie d’avoir les coudées franches en Europe et à l’Est de la Méditerranée…
Voici pourquoi on peut prévoir une redistribution des cartes de l’équilibre géopolitique mondial en pleine mutation d’Est en Ouest, au lendemain de ces élections historiques de Washington. Et à la veille des élections présidentielles françaises où Marine Le Pen – devenue très poutinophile – se sent déjà des ailes, et d’autres rendez-vous électoraux capitaux en Allemagne, en Autriche, et ailleurs en Europe occidentale et centrale où d’autres surprises sont à prévoir…
Denis LENSEL