Comme dans les meilleurs Westerns, le suspense devrait durer jusqu’au bout, ces dernières heures aux Etats-Unis : qui va gagner la bataille de la Maison Blanche ? Le cow-boy fougueux, brutal, imprévisible et gaffeur qu’est resté Donald Trump tout en étant un manager aussi avisé que boulimique, aussi rusé qu’impulsif, et d’autant plus redoutable ? Ou bien la dirigeante politique de l’establishment rouée, expérimentée, calculatrice mais suspecte de corruption et de bellicisme qu’est devenue Hillary Clinton ?
Depuis des semaines, on le pressent. Et on le répète maintenant comme en écho dans le Grand Canyon du Colorado : au risque de devenir une déferlante, la vague électorale Trump peut emporter bien des obstacles sur son passage, car elle charrie des millions de voix coléreuses ou angoissées d’Américains décontenancés par les chocs multiples de la crise économique mondiale à répétition, de la précarité géopolitique généralisée, du déclin de la puissance de Washington et du risque d’une troisième guerre mondiale à l’ère nucléaire…
Et si, dans l’esprit de beaucoup d’électeurs états-uniens, une tornade Trump pouvait garantir la sécurité d’un nouvel isolationnisme ? Même dans son aspect illusoire, cette idée pourrait renverser la table du confortable « Saloon » des amis d’Hillary Clinton, aux Etats-Unis… Et surtout, peut-être, qui sait, mener le monde à un nouveau Yalta, mais où, cette fois, les cartes seraient redistribuées au moins autant par la Chine de Xi Jinping que par la Russie de Poutine, sous le regard impuissant de l’Europe bruxelloise, une Europe déjà amputée par le Brexit, divisée et en cours de satellisation…
Décidément, l’avis de tempête nommé Donald Trump est à prendre au sérieux.
