Trois leçons en provenance de Lourdes - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Trois leçons en provenance de Lourdes

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« Allez boire à la source et vous y laver » a dit la Belle Dame. Sur son ordre, Bernadette Soubirous, la petite bergère de Lourdes, a cherché partout du regard une source. Il n’y en avait pas. Alors elle a gratté le gravier. Elle a bu de l’eau trouble qui est apparu, puis s’est lavé le visage avec. Elle a dû paraître ridicule. Mais dans les jours suivants, la flaque est devenue de l’eau courante et ensuite un ruisseau.

Depuis ce jours de 1858, des pèlerins sans nombre se sont baignés dans l’eau de cette source et ont été guéris par elle. Cette eau et son pouvoir guérisseur (soixante neuf miracles avérés) sont parmi les fruits les plus immédiats et durables des apparitions de Notre-Dame à Lourdes.

Il est donc d’une certaine façon ironique que nous célébrions la journée mondiale des malades le jour de la fête de Notre-Dame de Lourdes. Après tout, ses apparitions sont plus connues pour la guérison que pour la maladie. De même, il y a une ironie dans le fait que Bernadette elle-même n’a jamais bénéficié du pouvoir guérisseur de l’eau qu’elle a mis au jour. Restant une enfant souffreteuse, elle a été empêchée d’entrer chez les Carmélites en raison de sa fragilité. Entrée à la place chez les Sœurs de Charité, elle est morte de tuberculose à 35 ans seulement. Cependant, la date de la Journée Mondiale des Malades a été bien choisie. Notre-Dame de Lourdes a enseigné – et Bernadette l’a très bien compris – trois leçons pour les malades : la présence, la guérison et le sacrifice.

D’abord la présence. La première chose à noter des apparitions de Notre-Dame à Lourdes, c’est qu’elle est apparue. Elle était là auprès de cette pauvre bergère ignorante qui se considérait si indigne de sa visiteuse qu’elle n’osait pas l’appeler Marie mais seulement « la Belle Dame ». Durant la première apparition, rien n’a été dit. Il n’y avait que la présence de Marie – un sourire aimant, un regard approbateur. De même, dans les autres apparitions, peu de paroles, voire pas du tout. La présence suffisait. Les apparitions de Notre-Dame à Lourdes sont sur le modèle du ministère public de son Fils. La sollicitude qu’elle exprime par sa présence reflète celle de son Fils. Il a toujours été attiré par ceux qui souffrent : les aveugles, les estropiés, les malades, etc.

Les malades ne souffrent pas seulement physiquement, ils souffrent aussi émotionnellement, à la pensée qu’ils ont été oubliés, qu’ils sont devenus inutiles ou pire, un fardeau. Nous aimons recevoir des visites quand nous sommes malades. Nous accueillons avec joie ce rappel que nous ne sommes pas seuls et oubliés, ni considérés comme un fardeau.

De même, nous rendons visite aux malades – effectivement pour leur rendre service selon nos moyens – mais aussi pour les assurer de notre affection par notre présence. La simple présence de Jésus exprimait la sollicitude divine. La visite de Notre-Dame nous le rappelle – et que nous avons à poursuivre cette sollicitude.

Deuxième point : la guérison. Par la source miraculeuse de Lourdes, Notre-Dame nous rappelle le pouvoir guérisseur de son Fils. Saint Luc a écrit de Lui : « tous dans la foule cherchaient à le toucher car une force émanait de Lui qui les guérissait tous. » (Luc 6:19) Ce pouvoir guérisseur continue de s’introduire dans le monde. Tout cas de guérison n’est pas catalogué comme miracle ou annoncé au monde. Mais chacun de nous peut citer des guérisons dont l’explication requérait plus que la médecine humaine. Jésus continue d’accomplir de petits miracles de guérison. Et Il le fait pour la même raison qu’autrefois : pas pour nous divertir, non plus que pour simplement nous étonner, mais pour nous montrer que le Royaume de Dieu est venu dans le monde.

Troisième point : le sacrifice. Notre Seigneur n’a pas guéri tout le monde. Tous ceux qui prient pour obtenir la guérison ne sont pas guéris. Tous les pèlerins de Lourdes ne reviennent pas débarrassés de leurs maux. Cela nous amène à ce qui est de bien des façons le plus grand don de Notre Seigneur et le miracle le plus vrai : la capacité à souffrir avec Lui – c’est-à-dire à s’offrir en sacrifice.

La souffrance n’est pas une option dans notre monde déchu. Dans notre nature humaine déchue, le corps s’achemine inexorablement vers la mort et les souffrances qui l’annoncent. Tout le monde souffre. C’est la façon dont nous répondons à nos souffrances qui fait la différence. Nous pouvons et devons utiliser les moyens naturels et médicaux à notre disposition pour apporter soins et soulagement à nos souffrances. Mais nous savons que ces moyens sont limités et ne peuvent pas nous procurer un soulagement total ni permanent.

Tout le monde souffre mais tout le monde n’offre pas de sacrifice. Souffrir est simplement l’expérience d’une affection physique, d’une blessure, d’une maladie et ainsi de suite. Nous sommes tous confrontés à cela. Offrir un sacrifice, c’est offrir cette souffrance en union avec le Christ. Saint Paul a été le premier à exprimer clairement cette théologie de la souffrance : « maintenant, je me réjouis dans mes souffrances pour votre salut, et je complète dans ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour le bien de Son corps qui est l’Eglise. » (Colossiens 1:24).

Ce qui a fini par être appelé « souffrance rédemptrice » commence avec la conscience que le Christ a été le premier à souffrir, et que surtout toutes nos souffrances doivent être vues à la lumière des siennes. Nous nous rappelons alors qu’Il est là avec nous dans nos souffrances, de telle manière qu’Il partage nos souffrances et que nous partageons les siennes. Il n’est pas un simple spectateur, Il s’approche de nous, prenant sur Lui nos souffrances, et restant avec nous au milieu d’elles. Finalement, nos souffrances deviennent un sacrifice quand, conscients de cette union avec Lui, nous les Lui offrons.

Comme Saint Paul qui disait aux Colossiens qu’il offrait ses souffrances « pour leur salut », nous devrions également offrir nos souffrances à des intentions particulières. Quand Il était suspendu à la Croix, endurant le paroxysme de la souffrance, Notre Seigneur voyait chacun d’entre nous sans exception… chaque lutte… chaque blessure… chaque souffrance… chaque besoin… et Il a offert Ses souffrances pour nous. Relier notre offrande à une personne, un groupe ou une situation particulière nous aide à donner du sens à notre souffrance et à l’unir plus parfaitement à Lui. Quand nous agissons ainsi, nos souffrances cessent de n’être que cela et deviennent par le Christ, en Lui et avec Lui, une offrande au Père.


Le père Paul Scalia est un prêtre du diocèse d’Arlington. Il est délégué de l’évêque pour le clergé.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/02/11/three-lessons-from-lourdes/