Triduum pascal - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Triduum pascal

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Nous entrons donc aujourd’hui dans le grand Triduum, qui est le sommet de notre année chrétienne. Et c’est dans un contexte très particulier que nous vivons ces journées intenses. Je pense, évidemment, au combat qui nous a mobilisés ces derniers temps, ainsi qu’à l’élection du pape François, que son prédécesseur a voulu faire coïncider avec la montée du Carême et l’arrivée à son sommet. Précisément, c’est au nouveau pape que je me référerai pour esquisser un mode d’approche de ces jours qui nous permettent d’aller au terme du témoignage de Jésus. Dans une lettre pastorale adressée aux curés et aux responsables éducatifs de Buenos Aires, celui qui était encore le cardinal Bergoglio recommandait à tous de sortir de chez eux, pour rejoindre tous les gens de la ville, afin de leur annoncer la Bonne Nouvelle.

Pas question, disait le cardinal Bergoglio, de rester enfermé sur soi, quand tant de gens nous attendent ! Ceux qui ne s’approchent pas habituellement des sanctuaires. Et il proposait qu’à l’occasion de la fête des Rameaux « qui est la fête de Jésus qui marche au milieu de son peuple, en étant la bénédiction pour tous ceux qu’il rencontrait sur son passage », cet événement soit partout annoncé. Pas question de privatiser une telle fête, qui doit se manifester à tous. Mon expérience de toujours m’incite à me rallier à cette invitation de la part de celui qu est maintenant notre pape François. Tout d’abord, je bénis le Ciel d’avoir participé tout enfant aux cérémonies de la Semaine sainte qui ont marqué mon imaginaire pour toujours. Il est vrai que les prêtres de cette période ne craignaient pas de rendre explicite toute la dramaturgie de la Passion. On dressait alors dans le chœur de notre église une immense croix, et les enfants de chœur allaient annoncer dans tous les quartiers de la ville le message des jours saints, en chantant le O crux ave dans tous les foyers, y compris ceux où on ne mettait jamais les pieds à l’église. Rares étaient les refus et les rebuffades.

Plus tard, nous avons toujours tenu, en famille, à faire participer nos propres enfants aux offices, sachant qu’ils y trouveraient le viatique de leur vie. On me permettra, à ce propos, un souvenir. À la fin du poignant office du Vendredi saint à Notre-Dame de Paris, le cardinal Lustiger s’était arrêté un instant devant ma fille Lucie, qui devait avoir quatre ans, et lui avait demandé : « Tu as compris ? » Le seul regard échangé signifiait qu’elle avait tout compris. Comment pourrions-nous garder pour nous-mêmes ce qui révèle le sens même de l’aventure humaine ? « Jésus ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin. »

Chronique lue sur radio Notre-Dame le 28 mars 2013.