Travaillez, priez... et étudiez ! - France Catholique
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La justice de Dieu
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Travaillez, priez… et étudiez !

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Les gens me demandent souvent ce qu’ils peuvent faire, comme catholiques, dans le monde moderne. Ce qu’ils veulent généralement dire par là c’est comment peuvent-ils aider face à des problèmes de société majeurs comme l’avortement, le mariage, la pauvreté et la liberté religieuse. Il y a de nombreuses organisations – outre The Catholic Thing et l’institut Foi et Raison – qui auraient l’usage d’une aumone ou d’une donation. Et il y a aussi des opérations près de chez eux, aucune pénurie de défis n’est à craindre.
Mais je dis aussi que pour aborder de telles questions comme catholiques, il faut d’abord prier. Quand j’ai fondé The Catholic Thing, j’avais l’habitude de dire à l’équipe de ne pas ouvrir le site le matin sans avoir préalablement invoqué l’aide divine -dont nous avions désespérément besoin bien souvent. Mais nous avons également besoin de quelque chose d’autre.
Etudier.

Maintenant, vous pourriez penser que cela vient bien loin sur la liste, étant données les urgences, surtout en année électorale. Regardez donc, Royal : la semaine dernière (NDT : ce texte a été publié le 20 août), un type a tiré sur le Family Research Council à Washington parce qu’il n’aime pas leurs valeurs traditionnelles et vous voudriez nous voir étudier ? De plus beaucoup de sages – païens comme chrétiens – ont fait remarquer qu’un grand savoir n’est pas la sagesse, et que souvent il entrave le chemin de la sagesse.
Bien d’accord, mais je persiste à croire que, parmi d’autres choses, nous avons besoin de ce que seules des études sérieuses peuvent fournir. Autrefois, les catholiques n’avaient pas tant besoin d’un grand savoir que de se sentir assurés qu’il y avait des gens sérieux qui, eux, savaient. maintenant, nous courons les risque d’être débordés bien avant d’avoir une chance de parler, c’est pourquoi nous avons besoin de bien plus de catholiques bien informés pour faire lever toute la pâte.

Vous ne devez pas obligatoirement retourner à l’école. Que diriez-vous, par exemple, d’étudier avec Hadley Arkes sans les inconvénients d’une inscription à Amherst ou autre ? Ou de jeter un oeil sur le site internet de Catholic Distance University, une institution « orthodoxe » ou vous pouvez étudier en vue des diplômes de 1er cycle et des cycles supérieurs, ou juste participer à des séminaires sur des sujets importants.

Cela aide, bien sûr, d’étudier avec d’autres parce que nous y gagnons leurs idées en plus des nôtres. Et, n’ayons pas peur de regarder la vérité en face : travailler avec d’autres nous aide à nous maintenir à la tâche. Des juifs du monde entier viennent de terminer un cycle d’étude de l’ensemble du Talmud – une page par jour pendant sept ans et demi – selon un système élaboré pour toute personne intéressée.

J’en étais à admirer ce projet et à souhaiter que les catholiques en aient un de ce genre lorsque cela m’a frappé : nous l’avons. Et j’ai joué un petit rôle dans la propagation de cette idée il y a plusieurs années. Je l’ai lue chez le grand philosophe thomiste moderne Jacques Maritain, qui était un partisan de la prière et de l’étude (lisez donc son petit livre Prière et intelligence si vous pouvez vous le procurer).

L’un des moyens qu’il avait adopté pour atteindre ce double but, à la demande expresse de ses étudiants, a été de créer des cercles d’étude thomistes : au départ un petit groupe d’étudiants qui se réunissait chez lui chaque mois. Quand j’ai vu cela, j’ai écrit une note à notre ancien et grand ami Ralph McInerny, un des fondateurs de The Catholic Thing, qui dirigeait le centre Maritain à Notre-Dame, pour me renseigner à propos de ces cercles et savoir s’ils existaient toujours.

L’internet était alors à ses balbutiements, donc il m’a envoyé – par la poste, si vous pouvez vous rappeler cette primitive façon de faire – quelques brochures sur cette pratique, qui était toujours très vivante (néanmoins, je n’arrive pas à la trouver actuellement sur le web). Partout dans le monde, des gens lisaient ensemble les mêmes textes de Saint Thomas d’Aquin, mois après mois.

J’en ai touché un mot au père Bartholomew de la Torre, un ami devenu ultérieurement un chapelain fort estimé à Thomas Aquinas College, dans sa Californie natale. Nous avons attaqué par l’étude de la Summa contra Gentiles (Somme contre les Gentils), la Summa Theologiae (Somme théologique) étant un peu trop difficile pour la plupart des gens.
Nous étions douze à entreprendre cette tâche ensemble : Phil Lawler, le distingué journaliste catholique qui poursuit toujours un important travail sur le site Catholique Culture, un sous-secrétaire à l’agriculture en cravate ficelle qui ressemblait à un garçon de ferme mais avait des idées métaphysiques percutantes, une femme médecin de l’hôpital John Hopkins, un agent retraité du FBI – c’est Washington quoi, vous voyez le topo.

La Summa contra Gentiles compte cinq volumes dans la traduction publiée par les presses de l’Université Notre-Dame. Ca semble beaucoup, mais si vous calculez sur dix mois, cela veut dire lire seulement environ 170 pages par mois. Nous en sommes venus à bout cette année-là, et avons attaqué la Prima Pars de la Summa Theologiae (première partie de la Somme théologique) l’année suivante.

Mais le père Bart était un entrepreneur en pédagogie. Pendant que notre petit groupe entamait sa seconde année d’étude, il a rassemblé un nouveau groupe – de 35 cette fois – pour Summa contra Gentiles. Il a réitéré la troisième année, et il a attiré 125 participants, y compris des lumières comme Mary Ellen et Robert Bork (Bob est devenu catholique par la suite, quoique ce soit sans rapport avec l’étude, qu’il a énergiquement contestée).
Je n’avais jamais publié cette histoire jusqu’ici, mais cela reflète ce que je crois être un ardent désir d’une pensée catholique substantielle et cependant accessible à un large panel de gens ordinaires. (L’étude de certains textes nécessite un guide qualifié, mais une telle personne n’est pas si difficile à trouver que vous pouvez croire.)

Dans le cours normal des choses, nous voudrions que les écoles, collèges, lycées et universités catholiques fassent ce travail. Mais nous ne sommes pas à une époque normale. Et bien qu’il soit tentant de maudire l’obscurité, nous pouvons allumer quelques incendies sans grands investissements en bâtiments et technologie.

Alors, si vous voulez savoir ce que vous pouvez faire, pensez – et ensuite agissez. Il y a probablement des grandes choses que vous pouvez organiser, où que vous soyez quand vous lirez cela, ou même sur internet. Esssayez, et regardez ce qui en découle. Qu’avez-vous à perdre ? Pensez seulement à ce que nous pourrions gagner.


Robert Royal est le rédacteur en chef de The Catholic Thing et le président de l’institut Foi et Raison à Washington.


illustration : Jacques Maritain, enseignant.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/work-pray–study.html