Traquenard franc-maçon en vue - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Traquenard franc-maçon en vue

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À peine revenu d’un déplacement à caractère familial chez notre fille aînée puis chez notre première cadette, je monte consulter ma messagerie et lire les documents reçus : dans le fatras époustouflant qui toujours envahi l’écran, je tombe sur l’histoire bizarre d’un prêtre franc-maçon très mécontent d’avoir été sanctionné…

Vient ainsi de se dérouler une étrange partie de « poker menteur » : menteur du côté du Grand Orient de France, où le Grand Maître joue la partition du « dialogue » avec le Pape ! L’excommunication de « son » prêtre Pascal Vésin par l’évêque d’Annecy est la cause de son étonnante démarche d’une lettre adressée à François pour obtenir de lui un rendez-vous ! Étonnante, car enfin si l’Église interdit depuis fort longtemps, en fait depuis des siècles, à ses prêtres comme aux simples fidèles de s’inscrire dans une loge franc-maçonne c’est qu’elle a des raisons que le GOdF ne saurait ignorer…

Ce prêtre donc effectue à pied le voyage vers Rome : on pourrait penser qu’il veut expier son adhésion clandestine et illégale au sein d’une loge qui n’a jamais cessé d’être hostile à cette Catholicité dont il devrait être un serviteur particulièrement vigilant. Que nenni ! Il veut obtenir une sorte de blanc-seing, de laissez-passer entre l’Église et la Loge… les mettant donc sur un pied d’égalité !

Il a fait parvenir au Pape une lettre où il demande, avec simplicité, sa réintégration au sein de l’Église d’Annecy : « J’étais le curé de la Paroisse Ste Anne d’Arly-Montjoie ; Mgr Boivineau – Evêque d’Annecy – m’ayant demandé de quitter cette paroisse le 23 mai dernier. A la demande de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, par un courrier du 7 mars dernier, le Père Boivineau m’interdit de tout ministère et me prive de recevoir les sacrements », tout en demeurant cependant ‘’grand oriental’’… « Depuis deux ans, je restais très en lien avec Mgr Boivineau, dialoguais régulièrement avec lui de cette double appartenance et exerçais mon ministère pour lequel il me renouvelait sa confiance. » Étrange, tout de même, cette longue indulgence hors des normes de la loi… La « double appartenance » n’étant pas autorisée, comment désirer obtenir qu’elle le soit ?

L’initiative de cette excommunication revient à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui est intervenue par un courrier du 7 mars 2013 : notre curé, très audacieux, se plaint donc du fait que cette lettre ait rendu caduque « tout ce dialogue initié »… Ce curé, initié maçon en effet, « trouve que ce dossier a été très mal traité par les instances diocésaines » et affirme avoir en somme été victime bien plus que coupable de désobéissance aux règlements édictés par Rome et qui sont pourtant de notoriété publique : je connais ce point de détail depuis au moins soixante ans. En effet, il est demandé de ne point s’affilier à une loge maçonnique, non seulement aux prêtres, mais également aux simples cathos de base… Quand un membre du GOdF m’a un jour sollicité de venir avec lui dans cette institution ennemie, je lui ai tourné le dos : j’aurais pourtant aimé découvrir de l’intérieur comment se comporte ce petit monde d’« initiés » on ne sait trop à quoi – les membres d’En Bas ne savent évidemment pas ce que reçoivent en fait d’initiation les membres du Haut de l’échelle … Mais baste, le jeu n’en valait certainement pas la chandelle !

Bref, le P. Pascal Vésin, n’ayant pas digéré de n’être pas autorisé à faire ce qui est interdit depuis belle lurette, exprime son vif désir que François, notre pape, le lui permette. Qu’avait-il à perdre puisque déjà puni ? « Je Vous demande, Saint Père, d’être réintégré comme prêtre célébrant et recevant les sacrements, d’être reçu et entendu à Rome. Je m’engage, de mon côté, comme je l’ai déjà plusieurs fois mentionné, à être déchargé d’un ministère paroissial, à cesser toute participation à un travail en Franc-Maçonnerie pendant une durée de deux ans. Ceci dans le but de travailler activement et respectueusement au dialogue entre ces deux Institutions : une commission (composée de théologiens, historiens, membres de la Maçonnerie …) pourrait être constituée par la Conférence des Evêques de France et m’accompagner dans ce travail. »

Extraordinaire ? Certainement de mon pauvre point de vue : de quel ‘’travail’’ s’agit-il ? L’Église ne saurait-elle rien du GOdF, de ce qu’il est, de ce qu’il pense, de ce qu’il veut et projette depuis si longtemps ? Mais une remarque du curé Vésin me paraît avoir été soufflée par le Grand Maître en personne : « Nombreux sont les paroissiens, nombreuses sont les personnes liées ou non à notre Eglise, qui ne comprennent pas cette sanction et cette manière d’agir dans l’Eglise. (Qu’ont à voir ces personnes non liées à l’Église dans une affaire qui lui est interne ?) Les nombreux signes d’ouverture, de dialogue et de renouveau que Vous avez lancés depuis le début de Votre pontificat semblent, ici, avoir été balayés d’un coup. Pourquoi ce retour en arrière ? L’Eglise, contrairement à l’image novatrice que Vous lui donniez depuis Votre élection, semble à nouveau incarner la raideur et la fermeture. » Que cherche ce curé soucieux de pouvoir continuer son petit jeu personnel tout en osant indiquer au pape ce qu’il doit faire, comment il doit se comporter ? Que signifie ce jugement, d’abord positif selon son point de vue pour devenir négatif s’il n’obtient pas « réparation » ? « Les nombreux signes d’ouverture, de dialogue et de renouveau » allégués ne concernent en rien la question de la franc-maçonnerie : discours absurde !

La formule de politesse ne manque pas d’être savoureuse : « Merci de Votre écoute et de Votre compréhension. Soyez assuré, Saint Père, de mon attachement filial et de ma prière pour Votre ministère. » L’écoute et la compréhension attendus supposent d’avance une fin favorable à sa requête : est-ce donc que François, premier du nom, pourrait lever une interdiction maintes fois renouvelée par la longue suite de papes l’ayant précédé ? Serait-ce que la seule sanction le concernant suffirait à faire de l’Église une maison inaccueillante, fermée sur elle-même et raide du cou ?
En tout cas, l’attachement revendiqué est d’une curieuse nature, qui s’affranchit avec ténacité du ‘’respect’’ dû par tout prêtre comme par tout chrétien à une ‘’interdiction’’ dont nous savons, hormis ce prêtre (?), à quel point elle est motivée.

Entre en scène le dévoué patron du GOdF, qui suggère à Sa Sainteté le Pape d’ouvrir un dialogue avec lui : « Au moment où notre société est confrontée à la montée des fanatismes, de l’obscurantisme et des intégrismes, je pense qu’un dialogue entre nos deux institutions devrait pouvoir s’ouvrir dans le respect et la tolérance mutuels. Sans l’invitation au dialogue que vous avez-vous-même lancé (que signifie ce membre de phrase incohérent ?), je me tiens à votre disposition pour vous rencontrer afin d’échanger pour nos deux institutions et faire en sorte que les hommes n’aient pas à subir des décisions comme celle qui a été prise à l’encontre de Mr Pascal Vésin ? »

Passons outre à l’angliciste ‘’Mr’’ – en français il suffit du ‘’M’’ avec point comme abréviation de monsieur : ‘’M.’’ –, pour mieux savourer certaines expressions : « la montée des fanatismes, de l’obscurantisme… » (l’Église ne serait donc plus l’antre ou le refuge des obscurantistes et autres adeptes de la superstition ?) ; « vous rencontrer afin d’échanger pour nos deux institutions » (Comment cela ? Le GOdF accepterait de reconnaître le Chef de l’Église comme fréquentable ? Et l’Église elle-même comme une institution incontournable ? Il est vrai que, très vite, le « subir des décisions » révèle une tout autre intention : le Grand Maître le serait-il en fourberie ? Le piège est évident et le procès de l’Institution déjà prévisible.

En effet, le Grand Manitou oriental sait parfaitement que le dialogue est absolument inutile et le Père Vésin également. La mèche est trop grosse, trop lourde la manœuvre !

Le 26 novembre 1983, la Congrégation pour la doctrine de la foi déclarait : « Le jugement négatif de l’Église sur les associations maçonniques demeure donc inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise, et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise. Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion », texte suivi le 11 mars 1985 par des « Réflexions à un an de la déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur l’impossibilité de conciliation entre foi chrétienne et doctrine maçonnique »… dont les extraits suivants indiquent à quel point l’antagonisme est profond, les visions doctrinales aux antipodes : « […] … pour un catholique, impossible de vivre de deux façons sa relation avec Dieu » c’est-à-dire en appartenant d’un côté à une structure supra-confessionnelle à caractère dogmatique humanitariste, et d’un autre à une institution formellement et définitivement chrétienne. « Il ne peut entretenir de relations de deux sortes avec Dieu », ni de facto formuler sa foi en le Créateur par des adhésions à des symboliques de nature antipodique.

J’ajoute cet autre extrait : « D’autre part, un catholique ne peut pas participer en même temps à la pleine communion de la fraternité chrétienne et considérer, par ailleurs, comme un ’’profane’’, selon la vision maçonnique, son frère chrétien. » Comment se débrouillait, sur ce point, le frère-père Pascal Vésin avec ses ouailles ?

Le frère Grand Maître connaît assurément cette analyse de longue date, mais il est de bonne guerre, selon lui, de faire chuter le Pape sur ce cas précis : s’il dit oui, la doctrine devient une passoire aléatoire ; s’il dit non, son auréole de tendresse et de douceur s’envole sous les huées des foules libertaires, incapables naturellement de comprendre que l’on puisse être aussi « intolérant ». La grosse presse s’empresserait de saisir la balle au bond et de lâcher ses chiens de paille afin de faire à François ce qu’ils ont fait à Benoît : ouvrir un nouveau chapitre de la persécution médiatique.

Nota bene : le Père Pascal Vésin avait ajouté un post-scriptum à sa lettre : « Je joins à ce courrier deux lettres : « Ma vérité de curé en paix avec sa foi et ses idées », du 27 mai 2013, et « Mon au-revoir aux paroissiens de Ste Anne d’Arly-Montjoie », du 6 juin2013 ». J’aurais lu avec intérêt mais précaution au moins la première des deux…