Tout commence... - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Tout commence…

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Avec quelques jours de retard, il me faut bien formuler mon propre jugement à la suite de la validation de la loi Taubira par le Conseil constitutionnel. J’avoue que j’avais personnellement peu d’espoir en cette instance pour interrompre le processus législatif, eu égard à ce qu’elle avait déjà énoncé en fait de principes. Le Conseil constitutionnel ne saurait être considéré à l’instar de la Cour suprême des États-Unis, qui détient une véritable autorité supérieure par rapport au pouvoir législatif. Cela ne veut pas dire que ladite Cour s’identifie à ce que les Grecs appelaient les lois non écrites, celles dont Antigone demeure, à travers les siècles, la gardienne superbe et tragique. Elle n’en est pas moins témoin d’une sorte d’indépendance du droit pérenne par-delà le court terme du politique.

Or, c’est bien ce qui est en cause avec le mariage, lorsqu’on prétend en modifier les règles fondatrices. Il ne s’agit pas d’une loi ordinaire, celle qui concerne les réglementations de la vie sociale quotidienne. Madame le garde des Sceaux a bien parlé en désignant un changement de civilisation, signifiant par là qu’il s’agissait de modifier les assises même du corps social, celles qui sont liées aux structures profondes de l’humanité. Force est donc de constater que le désaccord foncier qui oppose les adversaires de la loi au gouvernement ne saurait être aboli par le bouclage des procédures ordinaires. Demeure une plaie béante au cœur de notre pays, dont le président de la République, à sa façon, a d’ailleurs convenu lors de sa dernière conférence de presse. François Hollande n’a néanmoins pas cru bon d’imiter son prédécesseur, François Mitterrand, qui, face à un cas de conscience un peu analogue, avait décidé de retirer une loi qui divisait les Français.

Ceux qui croient que la décision du Conseil constitutionnel met fin à un conflit de cette gravité sont dans une illusion absolue. J’en suis désolé pour mes confrères du Monde qui, après des mois de controverses, ne sont pas parvenus à admettre qu’il pouvait y avoir un cas de conscience qui ne cesserait d’aggraver la crise morale. Non, après la manifestation de dimanche prochain, ça ne sera pas la grande dispersion. Bien au contraire, toute une part essentielle de l’opinion, et notamment de la jeunesse, que cette grande controverse a mûrie, a puisé dans son combat et sa réflexion des énergies qui modifieront, de façon radicale, les données de la vie politique des prochaines années.