Que peut donc réellement signifier le passage d’une année à l’autre, et même d’un siècle à l’autre ? Du vingtième au vingt-et-unième siècle, nous nous souvenons au moins d’une nuit mémorable que la télévision avait d’ailleurs admirablement mise en valeur. Ce ne sont pourtant que des coordonnées cosmiques qui structurent notre appréhension du temps. Nous sommes tentés de leur associer des significations symboliques, car il y va beaucoup plus que de la succession des lunaisons ou des solstices ! Notre temps est habité par notre réalité historique. L’histoire humaine a investi le cosmos et il est même des écologistes pour s’en plaindre, jusqu’à accuser le christianisme d’avoir conféré à l’homme d’excessifs pouvoirs de domination. Ce n’est pas exact. Il ne faut pas confondre la royauté de l’univers et la démesure faustienne qui met la nature à disposition pour en capter toute l’énergie possible.
Mais est-ce encore le débat ? On peut se le demander depuis la fin des utopies et des grandes philosophies de l’histoire. La chute du mur de Berlin a mis fin à une certaine conception du temps qui correspondait à un projet totalisant, celui d’une révolution qui aurait changé la face de la terre. « C’est la lutte finale, groupons nous, car demain, l’internationale sera le genre humain. » Beaucoup y ont cru et ont même donné leur vie pour cela. Pierre Daix, qui fut le compagnon de Louis Aragon, a écrit un beau livre là-dessus au titre significatif : « J’ai cru au matin ! » Mais le réveil a été amer pour Pierre Daix lui-même qui a ressenti ce que pouvait-être la cruauté d’un pouvoir totalitaire dont les exactions se justifiaient du but poursuivi : la fin de l’injustice et de la domination.
Nous n’en sommes plus là. Les désillusions ont succédé aux grandes illusions. Est-ce une raison pour renoncer à l’espérance d’un monde meilleur ? Non, sans aucun doute. Tous nos vœux pour l’année nouvelle sont inspirés par le désir d’un avenir qui ne serait plus grevé par le sentiment de l’inexorable d’une crise sans remède. Mais pour cela il faut avoir la foi aux différents sens du terme. Justement, Benoît XVI a décidé que cette année même était consacrée à la foi. Alors à tous, bonne année de la foi !