Les événements inattendus que l’Église est en train de vivre ne sauraient détourner notre attention de l’objectif du 24 mars. Bien au contraire, ils devraient la renforcer. La réflexion intense poursuivie par les cardinaux sur la situation de l’Église dans le monde met plus que jamais en évidence les fragilités de la société contemporaine et la nécessité d’assurer le renouveau de l’institution familiale, telle que le christianisme a eu le génie de la réinventer à partir d’une donnée fondamentale de la création. Moins que jamais, l’heure n’est au relâchement, à l’abandon, à ce que Benoît XVI appelait le relativisme. Ceux qui prônent l’alignement de l’Église sur les prétendues évolutions inéluctables des mœurs ne savent pas ce qu’ils disent ni ce qu’ils font. D’ailleurs, l’expérience est là pour montrer que tout ce qui est abandon des exigences évangéliques produit la dissolution, voire la disparition du tissu ecclésial. Là où l’Église est jeune et en mouvement, c’est là où la vie chrétienne est la plus accomplie, la plus rayonnante.
C’est d’ailleurs une des leçons de la mobilisation qui s’accomplit en France depuis quelques mois. Les jeunes qui participent de son dynamisme ne sont pas venus de nulle part. Ils ont reçu la formation des générations JMJ, et ils sont en cohérence avec l’enseignement et l’exemple de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Il se trouve que la conjoncture historique a enclenché un processus d’engagement direct qui permet que les convictions trouvent un terrain évident, et même providentiel, pour s’incarner. Bien sûr, la dimension politique oblige à choisir des moyens appropriés qui ne relèvent plus du seul témoignage. Il s’agit d’imaginer des formes d’intervention sur la scène publique et civique que certains ont du mal à intégrer. C’est vrai qu’il peut y avoir des conflits de cohérence entre les différents ordres si bien distingués par Pascal.
Il serait toutefois irresponsable de sacrifier, au nom de l’ordre de la charité et même de l’ordre des esprits, les exigences propres de l’ordre charnel (ou politique). Il faut bien comprendre que tous doivent travailler selon leurs lumières, leurs compétences, dans la complémentarité et l’harmonisation parfois difficile des vocations et des rôles. Mais rien ne doit faire obstacle à l’offensive majeure en quoi consiste le bras de fer engagé avec le pouvoir actuel. Toute dissonance est démobilisatrice. Toute division gravement fautive et peut servir la cause adverse de façon dramatique. Il faudra que nous nous retrouvions tous, sans aucune défaillance, sur les Champs-Élysées, le 24 mars prochain.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- 3132-La visite du Pape en France (synthèse)
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918