Toujours l'islam - France Catholique
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Toujours l’islam

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Oui, toujours l’islam. Qu’on le veuille ou pas, le sujet est incontournable, parce qu’il est omniprésent dans nos vies quotidiennes et parce qu’il pose des questions d’une gravité et d’une complexité redoutables. Bien sûr, les pires obstacles ne peuvent détourner l’Église catholique et les chrétiens en général d’une attitude bienveillante à l’égard de l’immense masse des croyants, qu’il serait irresponsable de rejeter, eu égard à un extrémisme doctrinaire et pratique qu’elle ne partage pas et dont elle a souvent à souffrir. Le cardinal Jean-Louis Tauran, qui préside le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux exprime bien les choses, quand il déclare au Figaro  : « Quant aux relations entre l’Église catholique et l’islam, nous n’avons pas d’autres choix : ou c’est le dialogue, ou c’est la guerre. Nous sommes donc condamnés au dialogue et c’est une bonne nouvelle ! » Certes, l’expérience la plus prochaine que nous pouvons avoir, à la base, avec les musulmans de notre entourage vient à l’appui d’une telle proposition. Mais force nous est, en même temps, d’admettre que le dialogue se heurte aussi à des objections majeures, soulignées par des spécialistes incontestables de la pensée religieuse.

Ce dialogue existe depuis longtemps. Il a été enclenché à la suite de Vatican II, avec la volonté proclamée d’ouvrir un dialogue interreligieux par-delà les relations œcuméniques qui concernent les différentes confessions chrétiennes. Jean-Paul II, notamment avec les deux rassemblements d’Assise, a puissamment contribué à cette stratégie d’ouverture. Les musulmans y étaient au premier plan. Le cardinal Tauran rappelle que pour sa part, durant son court pontificat, le pape Benoît XVI a produit 181 interventions sur l’islam !

A contrario, nous avions ici-même rendu compte des remarques d’Alain Besançon dans un livre d’intérêt majeur (Problèmes religieux contemporains, de Fallois) : « Il faut se demander si la matrice que propose la déclaration Nostra ætete n’est pas insuffisante et ne contribue à obnubiler la perception des faits. De nouvelles clarifications seront réclamées par les événements. » Impossible de refuser la réalité : au sein même de la hiérarchie catholique, il existe des désaccords importants à ce propos, même entre cardinaux proches par ailleurs doctrinalement. Quand notre pape François renvoie chrétiens et musulmans à une même racine religieuse, un intellectuel peut répondre assez sèchement qu’avec certains interlocuteurs il vaut mieux discuter de pétrole que d’Abraham. Il est incontestable que l’Abraham père des croyants n’est pas reçu identiquement dans la tradition biblique et dans la tradition coranique. Ce peut être d’ailleurs un motif pour discuter ensemble sérieusement, mais en sachant que le chemin d’un plein accord peut s’avérer des plus douloureux.