Hier, en revenant sur les incidents de la place de la République à Paris et les difficultés du maintien de l’ordre, j’esquivais un peu, dans ma conclusion, la question éminemment difficile de l’immigration. Il ne s’agit pas de se dérober sur une affaire aussi grave pour notre pays, pour l’Europe, et qui concerne le reste du monde. Comment le pourrions-nous sans irresponsabilité, alors que nous, catholiques, sommes ainsi constamment rappelés à l’ordre par notre pape François ? Il en parle encore dans un livre qui paraîtra dans quelques jours, et qui fait déjà pas mal de bruit, en vertu de son aspect direct, plus abordable sans doute qu’une encyclique1.
Ainsi écrit-il : « Rejeter un migrant en difficulté, quelle que soit sa croyance religieuse, par peur de diluer une culture “chrétienne” c’est déformer de manière grotesque à la fois le christianisme et la culture… défendre l’Évangile et ne pas accueillir les étrangers dans le besoin, ne pas affirmer leur humanité en tant qu’enfants de Dieu, c’est chercher à encourager une culture chrétienne que de nom, vidée de tout ce qui la rend unique. » Nul doute que le Saint-Père se trouvera une nouvelle fois en butte à la contradiction. Beaucoup lui opposeront, par exemple, qu’« une hospitalité pour tous est susceptible de devenir une hospitalité pour personne », tant l’accueil de qui vient d’ailleurs est un problème de civilisation qui passe par des étapes complexes.
Mais il est impossible de ne pas accorder au Saint-Père la dimension universelle de sa sollicitude pastorale et humaine. Toutes les nations, au premier rang desquelles les plus favorisées, se doivent de prendre en charge la destinée commune de la planète. Selon des modalités, qui prennent en compte à la fois les dimensions géopolitiques mais aussi ce qui relève du soin « des exclus, des pauvres et des marginaux » qui doivent être les premiers servis selon l’Évangile.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 novembre 2020.