Théâtrocratie - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Théâtrocratie

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Si l’on parle couramment de « scène politique », c’est pour signifier que l’activité politique se déroule dans nos sociétés de communication sous un mode théâtral. Ce n’est pas du tout une nouveauté, puisque Platon déjà parlait de théâtrocratie. Mais nos démocraties modernes ont un rapport privilégié avec une représentation dont le public est la nation toute entière. La télévision a perfectionné le système en donnant le maximum de visibilité à ce spectacle du pouvoir. En outre, en période électorale, et plus encore en campagne présidentielle, la scène s’anime davantage qu’à l’ordinaire. Les répliques fusent et les gestes scéniques ont plus de relief que d’habitude. Nous sommes en ce moment en pleine accélération du processus. On l’a vu avec ce qui s’est passé autour des déclarations récentes de Claude Guéant sur les civilisations et le clash qui s’est produit mardi après-midi à l’Assemblée nationale. Nos acteurs sont en pleine forme, et la violence de leurs affrontements vise à émouvoir les spectateurs innombrables que nous sommes.

Tragédie ? Comédie ? Tragicomédie ? Il y a un peu de tout dans ce théâtre. Car si l’on brandit les grands principes, si l’on soulève les indignations, ce n’est pas seulement dans le but de se prévaloir de sa grandeur morale. Il y a tout un jeu nullement innocent qu’il nous est loisible de décrypter. La série télévisée sur France 2, intitulée « Les hommes de l’ombre » a pour ambition de révéler les dessous de la scène, si j’ose dire, en nous faisant entrer dans les coulisses. Nathalie Baye qui joue le rôle de candidate à la présidentielle s’est ainsi initiée à ce jeu, dont elle a surtout retenu le côté impitoyable. Elle déclare au Figaro qu’ « une campagne présidentielle c’est une guerre d’une grande violence à tous les niveaux, tous les coups sont permis ! Le pouvoir peut rendre dingue. Il faut être en béton armé pour supporter cette vie. La série est une manière de montrer ce qui se passe dans l’arrière-boutique, et c’est passionnant ».

Il y a la scène, il y a les coulisses, mais il y a aussi les enjeux. Ce théâtre, c’est toute la comédie humaine, où il y a à rire et à pleurer, mais aussi beaucoup à réfléchir si on en prend la peine.

Chronique lue sur radio Notre-Dame le 9 février 2012.