Trois prêtres, du diocèse de Down and Connor en Irlande du nord, ont signé en avril dernier, avec Sony-BMG, un contrat que l’on dit de plus de deux millions de dollars pour enregistrer un album. Eugène O’Hagan (48 ans), son frère Martin (45 ans), tous les deux ténors, et leur ancien camarade de classe David Delargy (44 ans), basse/baryton, chantent ensemble depuis l’école secondaire, puis à l’Université Queens de Belfast, au séminaire de Belfast ou au Pontificio Collegio Irlandese à Rome, où ils se sont produits devant le pape Jean-Paul II.
Il faut reconnaître que leurs voix sont enchanteresses ; timbrées et posées, elles expriment avec beaucoup d’émotion une grande ferveur et un enthousiasme communicable. « Quand nous chantons, nous ne faisons pas que chanter, nous prions », précise le Père Eugène. Et c’est vraiment ce qui transparaît à l’écoute de ces pages variées, du « Panis Angelicus » de César Franck à « Irish Blessing » chant traditionnel irlandais.
Ils ont tous trois reçu une formation musicale assez complète notamment avec un grand chanteur irlandais, Franck Capper. Très vite, ils ont senti le besoin de chanter pour amener les auditeurs à la beauté et peut-être à Dieu à travers elle. Si c’est d’abord à leurs paroissiens qu’ils consacrent leur don, encouragés et soutenus par eux, ils donnent des récitals, ce qui leur permet de récolter des fonds pour des œuvres caritatives. Ils ne cachent jamais leur caractère sacerdotal. Leur tenue de concert, c’est le clergyman ! Malgré cela ils sont extrêmement bien accueillis par le grand public. Leurs vidéos sur Youtube ou Dailymotion sont vues par des centaines de milliers d’internautes. C’est pourquoi la grande maison de disques leur a fait signer ce contrat de rock-stars, mais avec des clauses qui leur permettent de satisfaire à leurs obligations de curés… Le disque, sorti fin novembre 2008 en Grande-Bretagne, a battu des records de vente dès sa première semaine. Ce qui leur a permis de s’afficher dans le Livre Guinness des records ! Il sera diffusé dans 32 pays.
La tête sur les épaules, leur attitude en concert est extrêmement humble, qu’ils soient accompagnés au piano, à l’orgue, ou par un orchestre et un chœur symphoniques. On est loin d’une démarche de « Boys-band ». Même si le phénomène commercial n’est pas à écarter, les trois prêtres sont lucides sur leur notoriété qui n’a en rien transformé dans le fond leur vie de paroisse, bien que quelques adaptations d’emplois du temps aient été nécessaires pour satisfaire aux exigences des enregistrements et d’une première tournée.
« Chanter c’est aussi réchauffer les cœurs et les âmes, offrir de l’espérance à ceux qui en manquent, surtout en ces temps difficiles de crise mondiale… Nous souhaitons que ce disque soit une vraie prière, comme chacun de nos concerts… »
Aussi la musique sacrée tient-elle une grande place dans leur vie apostolique. Ils encouragent la participation des chœurs dans la Liturgie, lieu par essence de la musique sacrée. « C’est l’expression privilégiée de la Parole de Dieu. Dieu est beauté. Sa Parole est harmonie. Elle est un chant permanent au cœur de l’homme. L’homme, à son tour, pour proclamer sa louange à Dieu, utilise la musique, image de cette harmonie divine. C’est la plus haute expression de sa reconnaissance envers son Créateur. Et la Parole divine entre alors au plus profond de la sensibilité humaine. »
Pour la réalisation du disque, ils se sont associés avec le chœur de l’Académie philarmonique de Rome et les chanteurs de la basilique Saint-Pierre de Rome, sous la direction de Mgr Pablo Colino. L’enregistrement a d’ailleurs été effectué dans la Basilique elle-même. L’acoustique est donc assez particulière et l’orchestrateur a tenu compte de cette caractéristique dans son approche. Alors, même si les mélodies qui tournent autour de Noël sont parfois un peu surannées, la lecture en est totalement assumée et vraiment remarquable. L’aspect spirituel de ces pièces est très heureusement mis en relief. Le livret comporte une explication de chacune des pièces dans un sens évangélique. Et complète parfaitement l’audition ! En suscitant parfois l’émotion.
Le Père Eugène souhaite insister, en forme de conclusion, sur le « Irish Blessing », manière de dire non au revoir, mais « à notre prochaine rencontre »… « Que la route grimpe vers toi, que le vent souffle dans ton dos, que le soleil réchauffe ton visage et que la pluie tombe doucement sur tes champs, et jusqu’à notre prochaine rencontre, que Dieu te tienne dans le creux de sa main… »
The Priests – Sony Bmg – 8869740672 2 : sortie en France : février 2009