À diverses reprises j’ai fait part de mon trouble à l’égard de la situation de plus en plus critique qui est celle de l’Ouest africain. J’ai quelques raisons pour cela ayant résidé pendant plus d’un an dans un village de l’actuel Burkina Faso. J’étais alors militaire à la coopération et j’avais été envoyé comme instituteur dans une école qui était de la responsabilité des Pères blancs. Je me suis attaché profondément à mes élèves, à leurs familles et j’ai même pensé un moment prolonger mon séjour pour me mettre au service de l’Église locale et de la population. Le plus grand calme régnait alors dans le pays. J’ai certes assisté à la première révolution qui ait eu lieu à Ouagadougou, la capitale, après l’indépendance. Mais le renversement du président Maurice Yaméogo s’était produit lors d’une manifestation menée par les fonctionnaires sans qu’un seul coup de feu ait été tiré. Le nouveau président, le pacifique colonel Lamizana avait tout pour rassurer.
Mais les choses allaient se gâter par la suite, puisqu’en 1980 Lamizana allait être lui-même exclu du pouvoir. Son successeur Thomas Sankara serait carrément abattu en 1987, ce qui signifiait l’entrée du Burkina dans une nouvelle ère qui ne s’est pas terminée puisque les conflits armés sont depuis quelques années la règle, avec un véritable climat de terreur. On déplore 2000 morts en six ans. Et un million et demi de personnes ont été contraints de fuir leur maison et leur village. Nous n’en sommes plus à des luttes de factions avec des motifs idéologiques évoquant Fidel Castro ou Kadhafi. C’est le terrorisme islamique qui s’acharne sur les populations et les massacres se succèdent.
Les militaires vont-ils prendre le pouvoir à Ouagadougou pour remédier à la faiblesse du président Roch Kaboré. Il n’est pas sûr qu’ils puissent parvenir eux-mêmes à rétablir la paix vu la nature de l’ennemi qui défie les affrontements classiques. La France est beaucoup moins présente qu’au Mali et on voit mal comment notre armée pourrait intervenir utilement au côté des forces burkinabés. Oui, face à cette situation mon cœur se serre et j’adresse mon amitié à ce peuple malheureux.