Sylviane Agacinski aux Semaines sociales - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Sylviane Agacinski aux Semaines sociales

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Sylviane Agacinski a été vivement applaudie aux Semaines sociales qui viennent de se tenir pour la 87e fois, sur le thème : « Hommes et femmes : la nouvelle donne. » C’était vraiment d’actualité et la philosophe, selon La Croix, y a fait un véritable tabac, en reprenant une problématique qui lui est chère et qu’elle a développée dans plusieurs livres. Féministe conséquente, elle a toujours plaidé en faveur de la parité, à partir d’une donnée première : le fait irrécusable de la différence sexuelle, qui structure depuis toujours l’humanité. S’il convient de donner aux femmes leur place pleine et entière dans la société, c’est en vertu de la réciprocité des échanges qui permet aux uns et aux autres, à l’un et l’autre sexe de concourir au bien de tous.

Cette insistance sur la différence, qui a trop souvent justifié indûment une hiérarchie de domination, rend Sylviane Agacinski radicalement étrangère aux théories du genre qui se sont développées dans la culture anglo-saxonne et ont traversé l’océan. Ne prétendent-elles pas ramener masculinité et féminité à de pures constructions ? Dans son dernier essai1, elle souligne l’importance pour la femme du désir de la maternité, lié à son corps sexué. Dans cette ligne, elle s’insurge contre l’exploitation du corps féminin, sa marchandisation, que ce soit dans la prostitution ou dans le commerce lié à la procréation médicalement assistée. Elle est revenue là-dessus aux Semaines sociales.

C’est un point essentiel qui n’est pas encore suffisamment abordé dans les discussions actuelles, notamment à propos du mariage de personnes du même sexe. La revendication à la procréation médicalement assistée pose des problèmes extrêmement graves. Sylviane Agacinski parle de fiction d’une conception désexualisée, où l’on occulte l’origine des géniteurs et où l’on empêche les enfants d’accéder à leurs origines. La philosophe s’est insurgée au nom des enfants à naître « qui ne sont pas représentés politiquement mais dont nous devons défendre les droits, en commençant par ne pas les mettre dans des situations particulièrement complexes ».

Si l’on pense aux conséquences de futures applications techniques possibles, les choses pourraient être encore pires, avec l’effacement pur et simple de la paternité et de la maternité. C’est dire à quel point c’est notre humanité même qui est en cause. Gunther Anders parlait de l’obsolescence de l’homme, c’est à dire de sa fragilité face aux défis de la barbarie technique.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 26 novembre 2012.

  1. Sylviane Agacinski, Femmes entre sexe et genre, Seuil.