Hier, évoquant le climat d’insécurité qui règne dans le pays, je mettais en cause une surchauffe idéologique, qui n’est pas près de de concourir à l’apaisement. Certes, la France n’est pas les États-Unis, elle n’a pas la même histoire, elle n’est pas l’héritière des mêmes traumatismes, issus de l’esclavagisme et de la ségrégation raciale. Il n’empêche que tout se passe comme si un nouveau phénomène de contagion traversait l’Atlantique, pour inculquer aux Français les hantises des Américains. C’est particulièrement vrai pour l’université. L’université française semble de plus en plus marquée par les motifs du politiquement correct qui est propre à l’ensemble du monde universitaire américain. Sciences Po Paris ne recommande-t-elle pas sur son site Internet une série d’ouvrages à tonalité racialiste ? L’obsession de l’opposition des races en est le trait majeur. Sciences Po n’a pas le monopole d’une telle obsession qui se répand à mesure que se produit une racialisation idéologique, dont on perçoit aussi des accents dans une presse, qui fut naguère plus prudente.
Ce n’est sûrement pas l’allure que prend l’élection présidentielle américaine qui ralentira la contagion. Les correspondants aux États-Unis martèlent que la fracture raciale est au cœur de la compétition entre Donald Trump et Joe Biden. Cette thématique, au-delà des discours des deux champions, est liée à un engrenage de violences redoutable, dont le candidat Républicain joue à plein pour stigmatiser son adversaire. Celui-ci est bien conscient du danger, puisqu’il vient de condamner sans équivoque, toute violence, d’où qu’elle vienne, de la gauche ou de la droite. Jusqu’alors, Joe Biden privilégiait la mauvaise gestion de Donald Trump face au coronavirus. Désormais, le duel semble se présenter sous l’unique angle de la violence entrainée par la question des discriminations raciales.
Ce n’est pas une bonne nouvelle. La surchauffe idéologique va s’en trouver encouragée. Et nous risquons d’en recevoir les effets. Car nous aussi, nous sommes engagés dans un processus de radicalisation où, par exemple, la racialisation du discours provoque des réactions identitaires, avec des risques de violence d’autant plus probables que la véhémence idéologique n’est pas mesurée par un débat intellectuel raisonnable. Certes, il ne faut pas parier pour l’hypothèse du pire. Ce débat demeure encore possible. Il doit être encouragé à tout prix.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er septembre 2020.