Sur les pas des martyrs - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Sur les pas des martyrs

Les souffrances endurées par le clergé parisien durant la Commune ont laissé des traces aussi discrètes dans l’histoire que dans le paysage. Paris fourmille pourtant de souvenirs et de reliques de cette douloureuse expérience.
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Massacre des dominicains d’Arcueil, Eugène Appert, Metropolitan Museum of Art, New York.

Massacre des dominicains d’Arcueil, Eugène Appert, Metropolitan Museum of Art, New York.

La première étape du périple commence rue Haxo, dans le XXe arrondissement de Paris, là où furent fusillés cinquante captifs, dont dix ecclésiastiques le 26 mai 1871. Inaugurée en 1938 au n° 81, l’église Notre-Dame-des-Otages conserve le souvenir brûlant de cette tragédie . Conçue dans un style Art déco par l’architecte Julien Barbier, à qui l’on doit aussi l’église Sainte-Jeanne-de-Chantal (XVIe), elle a succédé à plusieurs chapelles temporaires bâties par les jésuites en mémoire de trois des leurs, massacrés ce jour-là. À l’extérieur de l’église, à proximité du lieu de la fusillade, un mémorial entretient le souvenir des victimes.

Le souvenir de la Roquette

Le pèlerin peut ensuite descendre l’avenue Gambetta et pénétrer dans le cimetière du Père-Lachaise. Il pourra faire un crochet de 300 mètres sur sa gauche pour y voir le Mur des Fédérés qui rappelle la violence de la répression subie par les Communards. Il peut aussi continuer son chemin tout droit, franchir l’accès principal qui débouche sur la rue de la Roquette. Deux pâtés de maisons plus loin, il découvrira le square de la Roquette. C’est là que se dressaient jadis les prisons du même nom, construites sur l’emplacement d’un ancien couvent, et où furent fusillés Mgr Darboy, le Père Duguerry, curé de la Madeleine, deux jésuites : les Pères Ducoudray et Clerc, le Père Michel Allard, aumônier d’ambulance, et un séminariste : Paul Seigneret.

Sur place, rien ne porte le souvenir de leurs souffrances depuis la destruction de la Grande Roquette en 1900. Est-ce à dire que tout a disparu ? Non. Lors de la démolition, les autorités ont proposé au diocèse de récupérer les cachots de l’archevêque et du séminariste, ainsi qu’une partie du mur devant lequel ils furent exécutés. Les principaux vestiges se situent aujourd’hui dans la crypte du séminaire Saint-Sulpice, à Issy-les-Moulineaux. Enfin, jusqu’à l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, il était possible de venir s’incliner devant le très beau monument funéraire de Mgr Darboy sculpté par Jean-Marie Bonassieux.

Au cimetière de Picpus

Après les XXe et XIe arrondissements, l’itinéraire passe par le XIIe pour faire escale au cimetière de Picpus . C’est ici qu’ont été enterrés les Pères Radigue, Tuffier, Rouchouze et Tardieu, après avoir été exhumés de la fosse de la rue Haxo, où ils furent jetés avec l’ensemble des victimes de la tuerie. Leurs sépultures, d’ailleurs, pourraient être transférées dans la chapelle de Picpus, attenante au cimetière. La localisation a été bien sûr choisie à dessein puisque la congrégation des picpuciens tire son nom de ce quartier, où fut établie la maison-mère en 1805. Deux tragédies se rejoignent : c’est ici que furent inhumées aussi des centaines de victimes de la Terreur révolutionnaire, dont la plupart ont été guillotinées à deux pas, place de la Nation, alors nommée place du Trône Renversé. Et l’on songe ici à la prophétie du Père Tuffier qui, un jour, bien avant la Commune, déclara : « Nous ne sommes point assurés de n’être pas emprisonnés. Peut-être mourrons-nous sur un échafaud comme en 1793. »

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