Ils étaient partis pour la traditionnelle mission Jeanne d’Arc de formation des officiers, mais ce lundi 4 mai, les marins à bord du porte-hélicoptères amphibie Mistral, ont débarqué près de 500 tonnes de fret à Mayotte. Vivres, gel hydro-alcoolique… Dans le cadre de l’opération « Résilience », lancée le 25 mars, ces militaires sont une des facettes de la mobilisation de l’armée dans la lutte contre le coronavirus. « Cette mobilisation sanitaire est inédite pour nos forces armées », note le Père Pierre Fresson, vicaire général du diocèse aux Armées et aumônier en chef adjoint pour la Marine.
Mobilisation des aumôniers
Pour contribuer à l’effort national, les huit hôpitaux d’instruction des armées (HIA) ont été mis à disposition, à l’image de Bégin (Paris), Sainte-Anne (Toulon) ou Laveron (Marseille), afin d’accueillir des malades du coronavirus. Une décision « très heureuse » selon le Père Fresson, et notamment pour le symbole qu’elle représente : « L’armée est au rendez-vous face à ce moment dramatique dans l’histoire de la nation française. »
La mobilisation de l’armée comporte une composante spirituelle, par le biais des aumôniers militaires. Dès l’arrivée des malades du Covid-19 dans les structures médicales gérées par les forces armées, s’est posée une question urgente : comment accompagner les malades et en particulier les mourants ? « Très vite, un hôpital militaire a intégré son aumônier dans les équipes d’accueil, un autre nous a rapidement demandé un aumônier qu’il pourrait également former et équiper pour aller en ‘zone covid’, accompagner les malades et faire le lien avec les familles », indique le Père Fresson.
Désengorger les hôpitaux
Ainsi, parmi les missions de ces aumôniers présents au milieu de ceux que la maladie peut finir par emporter, il y a « l’organisation d’obsèques en format réduit, mais des obsèques quand même », insiste le vicaire général. Dans ces hôpitaux militaires, chargés de désengorger le système hospitalier du pays, ont donc lieu, à la demande des personnes, « des adieux au visage, des levées de corps », et des rituels funéraires adaptés « en fonction des consignes sanitaires ».
Outre le désengorgement des hôpitaux dont les services de réanimation sont saturés et l’appui à la lutte logistique contre le virus via le transport de fret, ou encore la mise à disposition d’experts, les militaires de l’opération « Résilience » sont aussi appelés à surveiller certains sites sensibles civils et militaires.
« On ne réalise pas que la vie militaire comporte un pourcentage d’action rapide où il peut être fait usage de la force, mais que pour le reste, il s’agit d’un travail d’entraînement, de patience et de veille », explique le Père Fresson. « Les militaires ne sont donc pas surpris par ce qui leur est demandé. C’est toujours une grande fierté pour eux de pouvoir participer à l’effort national. C’est leur vocation. »